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La CFDT va porter plainte contre Indexia

Le syndicat assigne l’assureur pour "pratiques commerciales trompeuses". Il estime que les déboires judiciaires d’Indexia ont conduit à un plan social déguisé.

C’est un évènement rare, un syndicat va attaquer en justice, au pénal, une entreprise. Et selon nos informations, c’est le premier de France, la CFDT, qui va porter plainte cette semaine contre Indexia auprès du Tribunal de commerce de Paris. L’ancienne Société française d’assurance multimédia (Sfam) et son propriétaire, Sadri Fegaier, seront jugés en mai prochain pour "pratiques commerciales trompeuses". La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), a lancé une procédure au pénal après deux enquêtes en 2019 et 2020. Elles révélaient des prélèvements indus de plusieurs milliers d’euros, parfois de plus de 10.000 euros, pour des milliers de clients, à leur insu, qui avaient souscrit des assurances "Sfam" pour leurs smartphones chez Fnac Darty ou SFR.

La Fédération "banque et assurance" de la CFDT, dont dépend Sfam, va porter plainte pour "pratiques commerciales trompeuses" en se constituant partie civile dans la procédure pénale lancée par la DGCCRF. "Ces pratiques portent atteinte à l’intérêt collectif des salariés car elles menacent la pérennité de l’entreprise et des emplois, explique Thomas Hollande, l’avocat de la CFDT. Elles ont aussi eu un grave impact sur les conditions de travail".

Les responsables syndicaux d’Indexia estiment que 500 salariés ont quitté l’entreprise depuis le début de l’année à Roanne et Romans-sur-Isère, soit 70% des effectifs des deux sites. "Il y a eu énormément de ruptures conventionnelles et des licenciements, assure Nicolas Zeimetz, responsable CFDT au sein du groupe. Il s’agit d’un plan social déguisé".

Les arnaques continuent

Sans compter l’ambiance interne désastreuse. Le taux d’absentéisme atteint 50% et les salariés en boutiques, reconverties sous la marque "Hubside", sont souvent agressés par des clients en colère. 15 boutiques sur 67 ont fermé, selon les syndicats, et des rumeurs de fermeture des locaux parisiens circulent. La Sfam est en arrêt alors que le gendarme des assurances, sous l’égide de la Banque de France, a suspendu son agrément. Le groupe Indexia n’a plus le droit de commercialiser des assurances.

Le groupe croule sous les procédures judiciaires. "La CFDT a lancé une série d’actions judiciaires au civil et au pénal, notamment pour discrimination syndicale, ou entrave au comité d’entreprise, note Thomas Hollande. Mais une plainte au pénal de la part d’un syndicat pour des délits sans lien direct avec le droit du travail est rare". Lors du procès des suicides de France Telecom, en 2018, le syndicat CFE-CGC s’était porté partie civile.

De son côté, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir avait également porté plainte contre Indexia et Sadri Fegaier pour "pratiques commerciales trompeuses" en 2018. Enfin, environ 300 clients de Sfam ont eux aussi porté plainte pour récupérer les sommes qui leur ont été prélevées. L’entreprise rembourse régulièrement des clients lorsqu’ils portent plainte ou se rendent au siège pour protester, à Romans-sur-Isère. Mais les syndicats dénoncent des prélèvements qui continuent suite à la vente de produits multimédias dans des magasins Hubside. Contactée, la société ne nous a pas répondu.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business