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L'inflation de retour, les achats s'écroulent de près de 7% en grandes surfaces

La consommation a progressé de 6% par rapport à un an plus tôt.

La consommation a progressé de 6% par rapport à un an plus tôt. - Pexels

Les achats en volume ont reculé de 6,8% en avril dans la grande distribution selon Iri. Un effet de base avec le contexte particulier de 2021 mais aussi probablement le début d'arbitrage avec les hausses de prix.

Une chute historique. Alors que l'inflation a atteint 3% en grande distribution en avril, au plus haut depuis 14 ans, les Français ont-ils déjà fait leurs arbitrages en se restreignant?

Selon le panéliste Iri, la baisse d'achats de produits de grande consommation a été massive en avril, frôlant les 7%. Elle s'est établie précisément à 6,8% et ce après plusieurs mois de baisse, à des niveaux moindres cependant: -3,7% en mars, -2% en février, -3,4% en janvier.

Une baisse du nombre d'achats qui s'explique d'abord fortement par l'effet de base. Les -6,8% sont en comparaison avec le mois d'avril 2021 qui était une période de confinement favorable aux achats.

"Les effets d’historique sont ici encore importants, rappelle Iri. En effet, le 3ème confinement national démarré début avril 2021 s’était traduit par une rétention totale de la très forte croissance acquise en avril 2020 lors du 1er confinement. Ainsi, au mois d’avril de l’an passé les volumes des PGC FLS s’étaient même développés légèrement (+0,2%) quand l’historique d’avril 2020 était déjà très élevé (+6,6%)."

L'effondrement de l'hygiène

Durant cette période en 2021, les Français ont fait des stocks et ont pris davantage leurs repas à la maison avec la fermeture des bars et des restaurants. Les restrictions sanitaires étant quasiment toutes levées et la restauration ouverte en avril 2022, il est logique que le repli s’opère.

"Pour autant, le reflux est vraiment massif (et ce malgré la contribution de Pâques et des achats de stockage sur certaines catégories notamment les huiles) au point de ne laisser aucune croissance volume par rapport à l’avant crise ce qui n’était pas le cas sur les périodes précédentes", constate Iri.

Ce sont les rayons droguerie parfumerie hygiène dits DPH qui subissent le plus fort contrecoup et en particulier le rayon hygiène qui a vu ses volumes s'effondrer de 19% en avril. Avec des reculs jamais constatés en grande distribution: -40,2% pour les soins du visage, -28,7% pour les gels douche, -25,7% pour les couches culottes, -23,9% pour le shampooing et -11,6% pour les brosses à dents!

Avec une hausse moyenne des prix de 4,4%, les produits d'hygiène ne sont pourtant pas ceux qui ont le plus augmenté sur la période. L'épicerie (+5%), le frais (+4,5%) et les surgelés (+6,3%) ont davantage été touchés par les hausses de prix sans subir une telle déconsommation.

Pour l'expliquer Iri pointe notamment des effets de calendriers avec des opérations promotionnelles raccourcies sur les produits d'hygiène mais aussi une forte baisse des achats de masques et de gels qui a contribué à faire baisser le trafic dans ces rayons.

Reste que l'inflation a probablement joué un rôle d'accélérateur dans cette tendance baissière.

Le panéliste constate ainsi une chute "massive" du bio avec des volumes d'achats en recul de 11,5%. L'effet arbitrage joue à plein avec cette catégorie plus chère que la conventionnelle et totalement substituable.

"Faut-il voir dans ce dernier phénomène un démarrage des arbitrages des consommateurs liés à l’inflation ?, s'interroge Iri. Ceci sera à confirmer lors des prochaines périodes."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco