"Une mauvaise image": la Grèce s'indigne contre une publicité d'Adidas utilisant l'Acropole d'Athènes

La ville d'Athènes, en Grèce, le 18 mars 2019 (photo d'illustration). - LOUISA GOULIAMAKI / AFP
Une publicité mettant en scène une chaussure multicolore de l'équipementier sportif allemand Adidas sur l'Acropole d'Athènes a indigné vendredi la Grèce au point que le gouvernement a promis de saisir la justice, assurant qu'aucune autorisation n'avait été octroyée pour cette publicité. "La procédure légale n'a pas été suivie", a affirmé la ministre de la Culture Lina Mendoni, interpellée par des médias et les partis d'opposition de gauche.
"C'est évident qu'il s'agit d'une mauvaise image, très désagréable, c'est comme si la chaussure d'Adidas était en train de donner un coup de pied à l'Acropole", a reconnu la ministre sur la radio Skaï.
Elle a indiqué qu'une plainte contre "tout responsable" serait déposée auprès de la justice, qui devra enquêter sur cette affaire. La filiale d'Adidas en Grèce n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Publiée en Une de nombreux médias vendredi, la photo a été prise jeudi soir lors d'un spectacle de drones organisé par la société Essence Mediacom concernant la promotion d'un produit d'Adidas sur l'esplanade du Palais de Zappeion, un bâtiment néoclassique dans le centre d'Athènes, géré par une commission de legs gouvernementaux et supervisé par le ministère des Finances.
"Il y a une violation de la loi sur les biens archéologiques"
Selon certains médias, la société Essence Mediacom avait demandé le 30 avril auprès de la direction de Zappeion l'autorisation de tenir ce spectacle, et elle l'a obtenue contre un loyer "de seulement 380 euros". Également contactée par l'AFP, Essence Mediacom n'a pas répondu. Mais selon la ministre, "la direction de Zappeion aurait dû demander l'approbation de cette autorisation par le ministère de la Culture".
"Il y a une violation de la loi sur les biens archéologiques", a insisté Lina Mendoni.
La loi sur l'utilisation de l'image des sites archéologiques en Grèce est particulièrement stricte. Visité par plus de 4,5 millions de personnes en 2024, le temple du Parthénon au sommet de l'Acropole date du Ve siècle avant J-C et est classé sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. "L'Acropole, symbole mondial de la culture et de la démocratie, ne peut pas être traitée comme une toile de fond pour des usages commerciaux", s'est indigné Pasok, le principal parti d'opposition.
"De graves questions se posent sur le rôle et la responsabilité du ministère de la Culture", a-t-il ajouté.
La publicité a également été critiquée sur les réseaux sociaux: "Non à Yorgos Lanthimos. Oui à Adidas. Non à l'art, oui à l'argent". Début avril, le ministère de la Culture avait refusé une demande du réalisateur grec oscarisé Yorgos Lanthimos de tourner à l'Acropole, affirmant que les scènes du film ne correspondaient pas à l'image du site historique.