BFM Business
International

Un an après l'investiture de Joe Biden, le parti démocrate à la peine

placeholder video
Un an ce jeudi que Joe Biden est le président des Etats-Unis. Mais c'est un anniversaire en demi-teinte que célèbre le président américain, le risque devient grand pour lui de perdre sa majorité parlementaire en novembre prochain.

La fête n'est pas au rendez-vous pour cet anniversaire. Un an jour par jour après l'investiture de Joe Biden, les nuages entourent la présidence démocrate. Et l’inquiétude à Washington des stratèges de campagne démocrates doit, certainement, moins porter sur la chute de 14 points de la popularité du président Joe Biden depuis le début de son mandat, que sur le net recul de l’identification de l’électorat à leur parti.

Même si, cela va de soi, l’un et l’autre s'avèrent étroitement liés. C’est bien cette prise de distance grandissante qui risque de leur faire perdre les deux Chambres lors des élections de mi-mandat en novembre, et d’ici là, gêner l’ensemble de l’action de la Maison-Blanche et de se sa majorité actuelle, que ce soit en matière de politique intérieure ou extérieure.

Le dernier baromètre trimestriel de Gallup peut constituer, pour eux, la confirmation du risque. Cet institut de sondages interroge les Américains sur leur identification, leur tendance à aller vers telle ou telle formation, ou bien se déclarant indépendant. Le constat est celui d’un fort changement au cours de 2021, même si, fait notable, l’évolution semble positive en décembre. En seulement une année, les démocrates sont passés d’un avantage de 9 points sur les républicains à un handicap de 5 points. L’analyste en chef de Gallup, Jeffrey Jones, fait le constat qu’en trente ans il n’y a pas eu d’inversement d’une telle ampleur, autant dire depuis qu’existe cette enquête d’opinion spécifique, sachant aussi que l’électorat s’identifiant comme indépendant demeure le bloc le plus important.

Peu auparavant, un site suivi d’information politique à Washington, Axios, a organisé des panels ciblés de discussion. Cela n’a pas la valeur d’échantillon statistiquement significatif, mais des indications instructives en ressortent. Les électeurs interrogés reconnaissent ainsi à Joe Biden une "force" dans la défense de la démocratie, mais une "faiblesse" dans la réponse à la crise pandémique. Et puis, souvent, tout en se montrant favorables à ses efforts sur le plan économique, ils se déclarent "frustrés" par le résultat.

L’opposition entend insister sur une notion de fragilité de ce président afin de mieux sanctionner son camp aux législatives. Une simple illustration de cette tactique, c’est lorsque le chef de file des républicains à la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Michael McCaul, soutient que le président russe Vladimir Poutine "sent la faiblesse" de son homologue américain.

Et dès à présent, une fraction du parti républicain entend installer la perspective d’une démolition de cette présidence démocrate. Le sénateur du Texas, Ted Cruz, qui compte toujours parmi les plus en vue contre ce gouvernement, qu’une future majorité républicaine envisagerait probablement de lancer une procédure de destitution du président Biden. Il n’y aurait, dans ce raisonnement, qu’à en formaliser les infractions. Il n’est pas le seul à brandir la menace, à tel point que des sources démocrates font déjà savoir que la Maison-Blanche pourrait recruter des analystes, des avocats et des communicants afin de travailler sur les éventuels motifs d’enquête. Il s’agit, avant tout, de remobiliser les siens.

Comme l’écrit le Washington Post, journal historiquement proche des démocrates, le mot d’ordre des républicains pour 2022, c’est "vengeance". Et l’objet n’est pas que de laver l’affront fait à leur chef, Donald Trump. Dans une note, un directeur de la recherche de la banque d’investissement Cowen, Chris Krueger, évoque un "environnement incroyablement hostile" au pouvoir en place en vue de cette échéance de novembre. Il prévient qu’une prise de contrôle du Parlement par les républicains signifiera probablement un "frein budgétaire" et des luttes permanentes sur le plafond de la dette, avec arrêts à répétition de l'activité gouvernementale.

Autrement dit, la paralysie intérieure et donc extérieure de la Maison-Blanche jusqu’à l'élection présidentielle de 2024.

Benaouda Abdeddaïm Editorialiste international