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Trump aurait déconseillé à Netanyahou d'assassiner le guide suprême iranien: comment Israël veut faire tomber le régime de Téhéran?

L'ayatollah Khamenei à Téhéran le 19 mars 2024

L'ayatollah Khamenei à Téhéran le 19 mars 2024 - KHAMENEI.IR / AFP

Le véritable but de guerre de Benjamin Netanyahou serait-il de faire tomber le régime iranien? Donald Trump lui intime de ne pas tuer le guide suprême.

Une chute du régime iranien pourrait être le résultat de l’offensive israélienne. C’est qu’affirme Benjamin Netanyahou sur Fox News.

Le régime des Mollahs est en place depuis 1979. Officiellement, l’objectif du premier ministre israélien est de détruire la menace "existentielle" que représente son programme nucléaire. Mais son ambition semble bien aller au-delà. Il s’adresse directement aux Iraniens.

"Notre combat est contre un régime meurtrier qui vous opprime et vous appauvrit. Courageux peuple d’Iran, votre lumière vaincra les ténèbres, je suis avec vous, le peuple d’Israël est avec vous", dit-il

Benjamin Netanyahou fait aussi appel aux symboles. L'opération a été nommée "Rising lion" que l’on peut traduire par "Lion se dressant". Et ce n’est pas un hasard, l’animal est un symbole auquel restent attachés nombre d’Iraniens, c’est l’emblème de la Perse. Il était au centre du drapeau de l'Iran de 1576 jusqu’à l’instauration de la République islamique.

Provoquer une révolte?

Benjamin Netanyahou espère-t-il faire se soulever les Iraniens? Ce qui est sûr, c’est qu’il sait que le contexte s’y prêterait. Le régime est affaibli. Il ne compte plus sur ses alliés régionaux, tels que le Hamas ou le Hezbollah.

L’économie se porte mal. Elle est totalement étouffée par les sanctions occidentales et surtout américaines. L’objectif affiché de Téhéran en acceptant de négocier avec Donald Trump était d’ailleurs d’obtenir leur levée, tant la situation est intenable. Depuis 2019, l'inflation dépasse les 30% par an, selon la Banque mondiale.

La grogne sociale ne cesse de grandir. Le soulèvement "Femmes, vie, liberté" qui les a fait trembler le régime il y a 2 ans n’est pas mort. La contestation est certes de moindre ampleur mais les mœurs défient les lois au quotidien dans le pays.

Selon CBS, qui cite un responsable américain, Donald Trump aurait formellement déconseillé à Benjamin Netanyahou d’assassiner le guide suprême iranien Ali Khamenei. La conversation entre Netanyahou et le président américain aurait eu lieu après qu'Israël a lancé une attaque massive contre l'Iran la semaine dernière.

Inciter à un nouveau soulèvement populaire, qui cette fois ferait chuter le régime, serait donc quelque part le scénario idéal pour le gouvernement de l’état Hébreux.

Pari risqué

Mais c’est un pari de taille et risqué. Déjà, Israël n’a aucune garantie que cela se produise. Le régime est tenu d’une main de fer par des dignitaires religieux qui n’ont aucune intention de céder.

"Dieu exerce une souveraineté absolue et préside à l’élaboration des lois", est-il écrit dans la constitution. La voix du peuple ne peut donc prévaloir aux yeux des Mollahs, quel que soit le niveau de contestation.

Ensuite, il y a toujours le risque qu’en bombardant les civils, Israël s'aliène une plus grande partie du peuple iranien et que cela consolide indirectement le pouvoir.

Mais admettons que le régime tombe. Que se passerait-il ensuite ? L’un des risques c’est bien que ce pays de 90 millions d’habitants sombre dans le chaos estime la BBC.

L’opposition iranienne est très fragmentée. Il y a ceux qui rêvent d’une démocratie laïque, d’autres qui veulent une monarchie parlementaire. Aucune alternative politique ne se démarque clairement.

Une chute du régime serait peut-être le meilleur scénario pour Netanyahou mais rien ne garantit que cela apporte liberté et prospérité aux Iraniens.

Caroline Loyer