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"Shenzhen a déjà pris la place de Hong Kong dans un certain nombre de domaines" explique Jean-Pierre Cabestan

Le directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la Chine était invité sur le plateau de Good Morning Business pour évoquer la situation à Hong Kong.

Hong Kong est-elle en train de s'enfoncer dans la crise ? Alors que les manifestations se multiplient depuis des semaines, l'économie de la région administrative spéciale (RAS) commence à subir les contrecoups de la mobilisation, notamment dans le domaine du tourisme, où les touristes venus de Chine étaient encore très importants avant les évènements.

Mais, les craintes pourraient désormais concerner toute l'économie de Hong Kong. "Shenzhen a déjà pris la place de Hong Kong dans un certain nombre de domaines, notamment le domaine de la recherche et du développement" détaille Jean-Pierre Cabestan, directeur de recherche au CNRS, chercheur associé à Asia Centre, sur le plateau de Good Morning Business. "Hong Kong n'a plus d'industrie depuis longtemps et Shenzhen est en train de devenir vraiment leader dans tout ce qui est recherche, nouvelles technologies, et Hong Kong a vraiment du mal à maintenir son pôle de recherche à cet égard."

"La bourse de Hong Kong est beaucoup plus importante"

"Sur le plan financier, c'est une autre affaire" tempère le chercheur. "Car Hong Kong est une place libre, ouverte sur le monde où le flux des capitaux est totalement ouvert, libre alors qu'en Chine, vous avez un contrôle des capitaux qui est quand même encore assez sérieux, assez dur et qui a peu de chances de se libéraliser dans les années qui viennent, étant donné les tendances baissières de la croissance chinoise, le fait que beaucoup d'entrepreneurs et d'investisseurs cherchent à placer leurs capitaux à l'étranger, où les retours sur investissement sont plus élevés."

"Donc Pékin a plutôt intérêt à maintenir un contrôle des capitaux, et surtout à maintenir un certain contrôle de sa monnaie, le yuan, alors que le dollar de Hong Kong jouit d'un cours fixe avec le dollar américain et donc d'une stabilité financière qui est quand même plus grande" poursuit-il.

Hong Kong ne semble donc pas menacée, du moins à court terme. "La bourse de Hong Kong est beaucoup plus importante, et est une bourse sur laquelle beaucoup d'entreprises chinoises, y compris d'ailleurs des entreprises d'Etat, lèvent des capitaux pour développer leurs affaires" rappelle Jean-Pierre Cabestan.

Thomas LEROY