"S’il le faut, j’irai voir moi-même les agriculteurs français": Lula met la pression sur Macron pour qu'il signe l'accord de libre-échange avec le Mercosur

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, en visite d'État à Paris, a exhorté ce jeudi son homologue français Emmanuel Macron à "conclure" l'accord de libre échange entre le Mercosur et l'Union européenne, auquel Paris est opposé dans sa forme actuelle.
"Mon cher Macron, ouvrez un petit peu votre coeur pour cette possibilité de conclure cet accord avec notre cher Mercosur. Cet accord ce serait la meilleure réponse que nos régions puissent apporter face au contexte incertain créé par le retour de l'unilatéralisme et du protectionnisme tarifaire", a lancé Lula lors d'une conférence de presse à l'Elysée.
"Nous ne voulons plus de protectionnisme. (...) S'il le faut j'irais voir moi-même les agricultueurs français. Je sui sûr qu'on trouvera un accord. Je suis très optimiste", a poursuivi le président brésilien.
Emmanuel Macron pointe "un risque pour l'agriculture"
De son côté, Emmanuel Macron a assuré que la France était "pour le commerce libre et efficace" mais que l'accord avec le Mercosur faisait "peser un risque sur l'agriculture".
"Nous, on a demandé à nos agriculteurs de changer de méthode mais les pays du Mercosur ne sont pas au même niveau réglementaire", a ajouté le chef de l'État.
Il a indiqué vouloir "travailler pour des clauses de sauvegarde". "On a six mois pour le faire. On doit respecter nos agriculteurs", a-t-il dit.
Pour Lula néanmoins, "il n'est pas difficile de conclure cet accord". "Même si le Brésil devient un pays viticole, nous facilitons les importations de vins français aussi. On ne veut pas être en concurrence avec vous sur ce sujet. Ni sur le fromage", a souligné le président brésilien.
"Ce qu'on ne peut pas mon cher camarade Macron, c'est bloquer! On n'a qu'à faire discuter les agriculteurs français et brésiliens ensemble", a-t-il déclaré.
Pour rappel, l'accord commercial permettrait à l'UE, déjà premier partenaire commercial du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay, Bolivie), d'exporter plus facilement ses voitures, machines et produits pharmaceutiques. De l'autre côté, il permettrait aux pays sud-américains concernés par l'accord (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay) d'écouler vers l'Europe de la viande, du sucre, du riz, du miel, du soja... La France continue néanmoins de s'opposer à cet accord "dans sa forme actuelle", contrairement à d'autres pays européens comme l'Allemagne ou l'Espagne.