Mercosur, marine, investissements français: les enjeux économiques de la visite de Lula à Paris

En visite en France,le président brésilien Lula da Silva devrait à nouveau plaider en faveur de l’accord avec le Mercosur. À l'inverse de Berlin ou de Madrid, Paris s’y oppose toujours. Lors de sa visite au Brésil, l’an dernier, Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs qualifié de "très mauvais".
Plusieurs filières agricoles françaises l'appellent à se montrer “extrêmement ferme” sur le sujet. Cette visite "doit être l'occasion pour la France de réaffirmer son attachement à des échanges internationaux fondés sur des standards équitables, durables", insiste le président de l'interprofession du bétail et des viandes.
Mais dans le contexte de la guerre commerciale "certains estiment que, justement, il faudrait accélérer la ratification pour contrebalancer les effets négatifs des droits de douane américains", affirme l'économiste Thierry Pouch.
Et le président brésilien compte s'appuyer sur cet argument. "Il y a un nouveau contexte international" qui pousse en faveur de la ratification l’accord de libre-échange, fait valoir la diplomatie brésilienne.
Développer le partenariat
Malgré le désaccord sur cette question, Paris tient absolument à préserver sa relation avec Brasilia. Emmanuel Macron et Lula ont une relation privilégiée, ils le disent tous les deux. Au-delà de l’entente personnelle, ils sont aussi liés par les intérêts économiques de leurs nations.
Le Brésil est le premier marché pour les investissements directs français dans les pays dit "émergents". Plus de 1.150 filiales de nos entreprises y sont implantées, représentant la vaste majorité du CAC 40. Des entreprises qui génèrent plus de 500.000 emplois et 61 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Lula doit rencontrer des chefs d’entreprises lors de son déplacement. Plus d'une douzaine d'accords devraient être signés.
"Je me rendrai également à Toulon pour visiter les chantiers navals où sont construits les sous-marins à propulsion nucléaire", annonce Lula dans les colonnes du Monde.
La France s’est engagée à aider le pays d’Amérique latine à développer ses propres bâtiments, via un transfert de technologie. La coopération en matière de défense est une pierre angulaire du partenariat stratégique.
L'importance du "Sud global"
Cette rencontre, c’est aussi l’occasion de développer une bonne relation avec les nations du "Sud global" dont Lula Da Silva est un fier représentant. Le dirigeant est le porte-voix des BRICS dont il assure la présidence tournante. Le groupe, qui compte aujourd’hui 11 membres et 9 Etats partenaires, représente désormais plus de la moitié de la population et 40% du PIB mondial.
Le prochain sommet des BRICS aura lieu début juillet à Rio. Et dans le contexte international actuel, certains se demandent si l'événement marquera la riposte du "Sud global" face à Donald Trump.
Lula, même s’il déplore le traitement trop longtemps réservé aux nations en développement, affirme qu’il ne s’agit pas de prendre position pour ou contre l’administration américaine.
Même si Emmanuel Macron et Lula ne sont pas alignés sur plusieurs sujets notamment d’ordre diplomatique, le Brésil reste un partenaire de poids incontournable, dans un monde fragmenté.