Pourquoi les États-Unis convoitent les terres rares du Groenland et de l'Ukraine

Donald Trump ne le cache absolument pas, il veut mettre la main sur les terres rares du Groenland et les minerais du sous-sol ukrainien. Ces ressources constituent en effet un enjeu stratégique majeur pour l'indépendance des Etats-unis, selon le président américain, alors que la Chine détient un monopole quasi-parfait sur les terres rares.
Or, la Chine, qui vend 90% des terres rares produites dans le monde, pourrait être tenté de réinstaurer des quotas d'exportations vis-à-vis de certains pays, notamment en cas de conflit. Face à cette éventualité, les Etats-unis veulent donc sortir de leur dépendance à la Chine et assurer leur propre production.
Des vues de longue date sur les terres rares du Groenland
Le président américain lorgne depuis plusieurs années sur les terres rares du Groenland. En 2019, il avait déjà proposé d'acheter ce territoire qui est sous souveraineté danoise depuis 1814. Alors qu'il est revenu au pouvoir le 20 janvier, il entend cette fois réellement prendre le contrôle de ce territoire, quitte à envisager de l'annexer par la force.
Le territoire danois abrite de nombreuses réserves de terres rares, sur lesquelles Donald Trump veut absolument que les Etats-unis mettent la main. La première puissance mondiale a en effet défini une liste de 50 minerais essentiels à "son économie et sa sécurité nationale". Sur ces 50 minerais, le Groenland en possède à lui seul 44.
"Pour des raisons de sécurité nationale et de liberté dans le monde, les États-Unis d'Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland sont une nécessité absolue", a déclaré Donald Trump sur son réseau social Truth.
Selon le rapport 2025 du U.S. Geological Survey, le Groenland dispose de 1,5 million de tonne de terres rares sur son territoire. A titre de comparaison, les Etats-unis disposent de 1,9 million de tonnes de terres rares, et la Chine de 44 milions.
Une véritable mine d'or dont le Danemark ne semble cependant pas prêt à se séparer. "Trump n’aura pas le Groenland", a exclu la ministre des affaires étrangères danoise, se retranchant derrière le droit international et comptant sur le soutien militaire de ses voisins de l'Union européenne.
Un accord d'exploitation contre une protection militaire
Pour ce qui est de l'Ukraine en revanche, Donald Trump n'est plus qu'à deux doigts d'atteindre son but. Volodymyr Zelensky pourrait signer dès vendredi un accord avec les Etats-unis sur une exploitation conjointe du sous-sol ukrainien.
L'Ukraine dispose en effet dans son sol de nombreux minerais essentiels que convoitent les Etats-unis.
"Environ 5% de toutes les "matières premières critiques" du monde se trouvent en Ukraine", affirmait en 2022 la ministre ukrainienne des ressources naturelles, rapporte le Centre régional d'information des Nations unies pour l'Europe occidentale (UNRIC).
Selon World Mining Data, l'Ukraine est actuellement le 11e plus gros pays extracteur de titane, le 8e pour le manganèse et le 14e pour le graphite. Des ressources que l'Ukraine n'exploite pas à leur potentiel maximum.
Le Bureau français de recherches géologiques et minières estime que l'Ukraine concentre "20% des ressources mondiales estimées" de graphite et est "un des principaux pays d'Europe en matière de potentiel" d'exploitation du lithium.
Le graphite et le lithium sont des minerais particulièrement convoités, car indispensables à la production de batteries pour les smartphones ou encore les voitures électriques.
Une exploitation plus compliquée que prévu
Les ressources présentes dans le sous-sol ukrainien pourrait cependant s'avérer plus difficile à exploiter que prévu. Certains gisements, notamment d'uranium, se trouvent dans la partie est de l'Ukraine, actuellement sous contrôle russe.
Si le Kremlin a exclu de céder les zones sous son contrôle, Vladimir Poutine a, en revanche, dit être favorable à des investissements américains dans ces régions occupées.
De plus, même si un accord est rapidement trouvé entre les Etats-unis et l'Ukraine, les premiers minerais à sortir de terre ne le serons pas avant plusieurs années. Il faut en effet entre 10 et 20 ans pour qu'une mine soit construite et opérationnelle.