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"Nettoyer" Gaza: l'extrême droite israélienne applaudit Donald Trump

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L'extrême droite israélienne se réjouit de la proposition de Donald Trump d’envoyer les gazaouis en Égypte et en Jordanie. La Ligue arabe, elle, met en garde contre un « nettoyage ethnique ».

Après ses propros sur le Groenland, le canal de Panama ou encore le Canada, Donald Trump nous rappelle qu’il a une vision bien personnelle du concept de frontière.

Sous couvert de reconstruire la bande de Gaza, de la "nettoyer", le président américain veut relocaliser hors de son territoire plus de la moitié des Gazaouis. Il a fait ces déclarations face à des journalistes à bord d’Air Force One :

"J'aimerais que l'Égypte prenne des gens et que la Jordanie prenne des gens. On parle probablement de 1,5 million de personnes, ça pourrait être temporaire ou à long terme."

Pour H.A. Hellyer, chercheur au Center for American Progress, un groupe de réflexion basé à Washitngon, il s’agirait là clairement d’un "nettoyage ethnique (…) Chaque fois que les Palestiniens ont été contraints de quitter une partie de la Palestine, ils n’y sont jamais retournés".

Le sujet n’était pas à l’agenda de la Maison Blanche ce jour-là. On ignore encore s’il s’agit d’un simple commentaire ou de l’amorce d’un véritable changement en matière de politique étrangère américaine. Washington se positionne depuis des décennies en faveur d’une solution à deux Etats.

Une "idée merveilleuse"

Ces propos ont été très bien accueillis par l’extrême droite israélienne. C’est une "idée merveilleuse", s’est réjoui le ministre des Finances pour qui "seule une réflexion originale sur de nouvelles solutions apportera la paix et la sécurité". Bezalel Smotrich, colon lui-même, est en faveur du rétablissement des colonies juives à Gaza.

Itamar Ben-Gvir, l’ex-ministre de la Sécurité nationale a félicité Donald Trump son pour son "initiative".

"L’une de nos demandes au Premier ministre Benjamin Netanyahu est de promouvoir l’émigration volontaire", a-t-il posté sur X.

L’extrême droite israélienne sait qu’elle a des soutiens au sein de cette nouvelle administration. Il y a quelques jours Mike Huckabee, chrétien évangélique choisi pour occuper le poste d'ambassadeur des États-Unis en Israël, a réaffirmé son opposition catégorique à l'idée d’un État palestinien. Les Palestiniens "ont eu leur chance à Gaza et regardez ce qu'il s’est passé", a-t-il déclaré à la télévision américaine sans être repris par Donald Trump.

Caroline Loyer : Gaza, Donald Trump veut faire "le ménage" - 27/01
Caroline Loyer : Gaza, Donald Trump veut faire "le ménage" - 27/01
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A bord d’Air Force One, ce dernier a par ailleurs confirmé le déblocage de la livraison de bombes d’une grande puissance à Israël. Livraison qui avait été suspendue par la précédente administration qui s’inquiétait de leur utilisation dans des secteurs densément peuplés de Gaza

“Ligne rouge”

Mais le président américain s’attire dans le même temps les foudres des pays arabes. A commencer par ceux auxquels il demande d’accueillir les gazaouis et qui en accueille déjà. L’Egypte rejette tout déplacement forcé de Palestiniens, qu’il soit "temporaire ou permanent". Il s’agit là d’une "ligne rouge" à ne pas franchir, a plusieurs fois rappelé le roi Abdallah II de Jordanie.

La Ligue arabe s’insurge contre "les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre" et met en garde contre tout "nettoyage ethinique".

Donald Trump tentera-t-il d’utiliser les 1,3 milliard de dollars d’aide annuelle que perçoit l’Égypte pour la faire céder?

En tout cas, s’il persistait cela compromettrait certainement deux choses: les perspectives d'une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite. Or c’est sa grande ambition. Mohammed Ben Salmane a accusé le gouvernement Netanyahou de commettre un génocide à Gaza. Cela pourrait également mettre à mal ses projets commerciaux avec le Royaume qui envisage d’investir 600 milliards de dollars aux Etats-Unis.

Caroline Loyer