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Les Maldives au bord de la faillite

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LE MONDE QUI BOUGE. Les Maldives sont à court de liquidités. Le pays se dirige vers une crise économique majeure, selon le FMI, mais le gouvernement estime ne pas avoir besoin d’un plan de sauvetage.

Les finances des Maldives sont dans le rouge et pourtant les autorités de la destination ultra touristique se montrent confiantes. Elles disent ne pas avoir besoin d’un plan de sauvetage du Fonds monétaire international. Le ministre des Affaires étrangères est clair:

"Je ne pense pas que ce soit le moment de dialoguer avec le FMI. Notre problème est temporaire", dit-il.

Du temporaire qui dure un peu trop pour le FMI, qui en mai dernier a exhorté les Maldives à augmenter d'urgence les recettes et à réduire les dépenses pour éviter une crise économique majeure.

Au premier trimestre de cette année, la dette extérieure s'élevait à 3,37 milliards de dollars, ce qui équivaut à environ 45% du PIB.

L'archipel de l'océan Indien, surtout connu pour ses stations balnéaires haut de gamme, poursuit ses hausses d'impôts. Selon le gouvernement, les réformes fiscales et la révision de la gestion des entreprises publiques devraient améliorer le problème des liquidités.

Caroline Loyer : Les Maldives au bord de la faillite - 19/09
Caroline Loyer : Les Maldives au bord de la faillite - 19/09
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L’inquiétude du marché de la finance islamique

Le mois dernier, le montant des Sukuks émis par le gouvernement s'est effondré en raison des craintes d'un défaut de paiement. Les Sukuks ce sont ces titres financiers islamiques, similaires à une obligation et qui respectent les principes de la charia, appliquée aux Maldives.

Le défaut de paiement créerait un précédent et on ne sait pas comment ce marché pourrait réagir. Il pesait 860 milliards de dollars en début d'année avec de fortes prévisions de croissance.

En 2018, les monarchies du Golfe, grands émetteurs du titre financier, avaient volé au secours de Bahreïn alors dans une situation similaire. Les analystes se demandent aujourd’hui si ces mêmes pays pourraient intervenir pour aider la nation insulaire.

Les Maldives doivent des remboursements colossaux d’ici 2026. Le prochain paiement dû en octobre et qui s'élève à environ 25 millions de dollars sera bien honoré rassure le ministre des Finances.

Mais "les réserves sont tombées à un niveau extrêmement bas. Le risque de défaillance semble plus probable", met en garde Fitch.

L’agence de notation qui, en août dernier, a abaissé la note de la dette du pays pour la deuxième fois en deux mois, ce qui renforce encore l'inquiétude des investisseurs internationaux.

Le Chine comme partenaire

Pour redresser leurs finances, les Maldives se tournent de plus en plus vers la Chine. Le partenariat s’est intensifié depuis l'élection du président Mohamed Muizzu, il y a un an. Ce dernier avait mené campagne à l’époque contre l'influence de l'Inde, allié historique.

Au-delà d’un accord d’assistance militaire signé avec Pékin il y a quelques mois, les Maldives cherchent surtout des prêts et des investissements. La Chine est aujourd’hui le principal créancier des Maldives devant l’Inde, et représente environ 20% de la dette extérieure.

En janvier, le pays a renforcé son financement d'infrastructures sur l’archipel mais même si l'expansion prévue de l'aéroport et l'augmentation du nombre d'hôtels devraient stimuler la croissance, le FMI estime que "l’incertitude entourant les perspectives reste élevée".

Le soutien de Pékin pourrait ne pas suffire et Mohamed Muizzu le sait bien. Il a prévu de rencontrer Narendra Modi, le Premier ministre indien, ce mois-ci, malgré des rapports tendus. La guerre d'influence entre les deux puissances asiatiques n’est certainement pas terminée.

Caroline Loyer