Les limites d’une action concertée en zone euro

Dans leurs déclarations, les dirigeants européens ont accordé leurs violons pour rassurer les marchés. - -
Sur le papier, tout le monde semble d’accord. Vendredi 27 juillet, l’Allemagne et la France ont affirmé être "déterminés à tout faire pour protéger la zone euro", dans un communiqué commun de la chancellerie et de l'Elysée. Des propos qui résonnent comme un écho aux paroles de Mario Draghi. Jeudi, le président de la Banque centrale européenne avait déclaré que son institution était "prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro" dans le cadre de son mandat.
Selon le journal Le Monde, les dirigeants européens ont préparé un plan d’action concertée pour soutenir l’Espagne et l’Italie. Le dispositif prévoit notamment que les fonds de secours européens interviennent sur le marché primaire et achètent de la dette souveraine espagnole et italienne, pour faire baisser les taux d’emprunts de ces pays.
Berlin s'était jusque-là toujours montré hostile à cette possibilité, de peur d'encourager le laxisme budgétaire. Mais au regard du communiqué commun avec Paris, il semblerait que l'Allemagne ait mis de l’eau dans son vin. Les Européens auraient donc réussi à accorder leurs violons.
Des obstacles à la mise en place d'une action concertée demeurent toutefois. Les achats de dettes sur le marché primaire par les Fonds de secours européens font partie du bloc de mesures prises lors du dernier sommet européen des 28 et 29 juin. Mais la Cour constitutionnelle allemande a été saisie sur ces questions. Ainsi, aucune mesure ne peut être appliquée avant qu'elle ait rendu son avis, en septembre prochain.
L'opinion publique allemande complique la tâche d'Angela Merkel
Autre point d'achoppement: l'attribution d’une licence bancaire au fonds de secours qui doit remplacer le FESF, le MES (Mécanisme européen de stabilité financière), prévue par le plan d’action dévoilé par Le Monde. L'idée s’est toujours heurtée aux réticences de l’Allemagne.
Et même si la volonté politique européenne est là, rien ne peut se faire sans l'assentiment allemand. Or la détermination d'Angela Merkel ne suffit pas: le Bundestag ne permettra aucune action qui obligerait l’Allemagne à dépenser des fonds ou à fragiliser ses finances publiques. Et la chancelière a les mains liées par son opinion publique qui estime que l'Allemagne a déjà assez payé pour les autres.