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Les jeux d'argent sont très mal vus dans les pays à majorité bouddhiste: la Thaïlande renonce à son projet de légaliser les casinos

Une roulette au casino.

Une roulette au casino. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le projet avait suscité une levée de boucliers de l'opposition, dans un royaume où les jeux d'argent sont interdits à quelques exceptions près.

Le gouvernement de la Thaïlande a renoncé mardi à son projet phare de légaliser les casinos, citant "un contexte social" rendu difficile par la mobilisation de l'opposition et la crise politique.

Le pouvoir a retiré l'ébauche de loi qui devait être examinée par le Parlement parce que le texte "requiert une étude plus approfondie qui nécessite une compréhension et un contexte social plus adaptés", a déclaré son porte-parole Jirayu Houngsub.

"Nous acceptons le fait que ce n'est pas le bon moment", a renchéri le vice-ministre des Finances, Julapun Amornvivat.

"C'est dommage, c'est une opportunité ratée pour le pays", a-t-il assuré.

Le parti au pouvoir Pheu Thai a misé gros sur la légalisation des casinos au sein de "complexes de divertissement", conçus pour promouvoir le tourisme, stimuler les investissements et apporter des recettes fiscales.

Mais son projet a suscité une levée de boucliers de l'opposition, dans un royaume où les jeux d'argent sont interdits à quelques exceptions près, comme les courses hippiques et la loterie nationale. Dans les pays à majorité bouddhiste comme la Thaïlande ou le Myanmar, les jeux sont déconseillés en tant que source d’attachement personnel et d’illusion, deux concepts qui s’opposent directement au développement spirituel.

Contexte politique délicat

Ces dernières années, des casinos situés dans des pays frontaliers de la Thaïlande ont aussi été utilisés par des réseaux criminels pour blanchir de l'argent ou étendre leurs activités frauduleuses, ont noté les experts.

Après des mois de controverses, le gouvernement a fini par renoncer, dans un contexte politique volatile qui a laissé craindre un éclatement de la majorité.

La semaine dernière, la Cour constitutionnelle a suspendu la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, accusée de manquement à l'éthique. La dirigeante, qui risque la destitution, sera fixée sur son sort dans les semaines ou mois à venir.

Pheu Thai a aussi perdu fin juin le soutien de son principal allié de la coalition, Bhumjaithai, une formation conservatrice qui était contre le projet de légaliser les casinos. La volte-face d'une dizaine de députés suffirait aujourd'hui à mettre le gouvernement en minorité.

Le ministre de l'Intérieur Phumtham Wechayachai dirige par intérim le gouvernement, après le remaniement de jeudi dernier provoqué par la démission de ministres du Bhumjaithai.

OC avec AFP