La ministre de l'Économie britannique en larmes au Parlement: après une défaite humiliante, le gouvernement de Keir Starmer va-t-il tenir?

Des larmes coulant sur le visage de Rachel Reeves alors qu’elle se trouve sur les bancs de la Chambre des communes. L’image relance les rumeurs sur le possible départ de la Chancelière de l'Echiquier. Les marchés tremblent, la livre dévisse.
Les investisseurs s'inquiètent de l’avenir des finances du pays. Il faut les rassurer d’urgence. Rassurer aussi les Britanniques. Les larmes de la ministre n'avaient "rien à voir avec la politique" insiste Keir Starmer. Elle "ne partira pas" et "fait un excellent travail", dit-il.
"Elle et moi travaillons ensemble, nous réfléchissons ensemble. Par le passé, on a vu des chanceliers et des Premiers ministres qui n'étaient pas en phase. Nous, nous sommes en phase".
Fronde interne
C'est un nouvel épisode difficile pour le Premier ministre qui vient juste d’essuyer une fronde dans son propre camp. La plus importante rébellion au sein du Labour depuis son retour au pouvoir. Le chef du gouvernement a fait marche arrière sur son projet de loi visant à couper dans les allocations aux personnes handicapées. Près d'un tiers de sa majorité, soit 126 députés, s’y opposaient.
Une défaite humiliante lors du vote du texte mardi se profilait alors Keir Starmer a préféré reculer avant qu’il ne soit trop tard. Le projet ne s'appliquera finalement qu'aux futurs allocataires.
"Capitulation totale"
La réforme initiale devait faire économiser près de 5 milliards de livres par an, mais avec cette concession, les gains pourraient être réduits de moitié. La ministre des Finances devra trouver l’argent ailleurs.
Situation qui a provoqué la colère de l’opposition. "Il s'agit d'une capitulation totale", s’insurge la chef de file des conservateurs.
"Le projet de loi sur la protection sociale du parti travailliste est une perte de temps totale. Il permet d'économiser zéro livre (…) Il est inutile", ajoute Kemi Badenoch.
Impopularité
Ce n’est pas le premier revers pour Keir Starmer, qui avait notamment rétropédale sur la suppression d'une aide universelle au chauffage pour les retraités. Mais la situation se complique de plus en plus.
Cela fait un an que les travaillistes sont au pouvoir. Starmer avait promis un "renouveau" mais la croissance, pourtant priorité affichée, peine à décoller.
Pour relancer l'activité, l'exécutif a bien lancé plusieurs programmes de dérégulation ainsi qu'un plan d'investissement de plusieurs dizaines de milliards de livres pour le système de santé et les infrastructures. Mais ces investissements mettront du temps à "porter leurs fruits".
"Des hausses d'impôts deviennent de plus en plus probables", disent les économistes. Cela rendrait le premier ministre encore plus impopulaire: 62% des Britanniques désapprouvent son action selon une compilation de sondages par Politico.