La BCE épinglée parce qu'elle oblige les élus du personnel à consacrer une partie de leur temps à leur travail tous les jours

Christine Lagarde, présidente de la BCE, s'exprime depuis le siège de l'institution à Francfort (Allemagne) le 12 septembre 2024 - Daniel ROLAND / AFP
Tensions internes à la Banque centrale européenne. D'après les informations du Financial Times, les élus du personnel de la BCE reprochent un comportement "anti-démocratique" à la gouvernance de l'institution dont le siège se trouve à Francfort, en Allemagne.
Et pour cause: la BCE a proposé d'obliger les représentants du personnel de l'institution financière à consacrer une partie de leur temps à leur travail quotidien. Or, en vertu du droit allemand, ces derniers peuvent se consacrer à plein-temps à la défense des intérêts du personnel... Et ce, tout en percevant leur salaire en intégralité.
Dans une lettre adressée à la présidente de la BCE, Christine Lagarde, et consultée par le quotidien économique britannique, le président du comité du personnel, Carlos Bowles, qualifie ainsi l'institution britannique de "forteresse juridique qui n'a pas de compte à rendre".
"Nous regrettons de constater que ces principes exprimés à l'extérieur de l'institution semblent être peu valorisés à l'intérieur de l'institution par sa structure de pouvoir", a écrit le président du comité du personnel, a-t-il écrit.
D'après les informations du Financial Times relayées dans un précédent article, le 12 mai dernier, la BCE proposait déjà en effet de réduire le temps quotidien consacré à la représentation du personnel à 75% pour le porte-parole du comité et seulement 50% pour les autres élus du personnel.
Carlos Bowles n'avait déjà pas manqué de réagir sur le réseau social Linkedin, considérant qu'une "BCE indépendante ne peut pas fonctionner efficacement si son personnel a peur d'exprimer ses opinions par crainte de représailles".
Favoritisme et burn-out
Dans la dernière lettre adressée à Christine Lagarde, longue de quatre pages, Carlos Bowles affirme même que le traitement du personnel par la BCE a conduit à "des plaintes généralisées de favoritisme, (...) des taux élevés d'épuisement professionnel et la vulnérabilité de nombreux collègues travaillant dans le cadre de contrats temporaires".
En effet, d'après un sondage mené en février par le syndicat interne Ipso auprès de 1.425 salariés de la BCE et dont les résultats ont été publiés le 30 avril dernier, une large majorité des répondants partagent leur insatisfaction quant à la transparence des recrutements et des processus de promotion interne.
"De nombreux répondants estiment que le favoritisme joue un rôle plus important que les performances professionnelles dans les promotions", est-il souligné dans l'étude.
77% des répondants au sondage considèrent en effet que les promotions internes à la BCE interviennent lorsqu'on connaît les "bonnes" personnes. A l'inverse, seuls 34% estiment que les promotions sont possibles en faisant simplement bien son travail.