L'extrême droite allemande prône le "Dexit"

Alors qu’une majorité de Britanniques regrette le Brexit, l’Afd prône le Dexit (pour "Deutschland" et "exit"). Et peu importe si les autres partis jugent l’idée suicidaire.
La "politique socialiste" de l'UE a "détruit" le marché européen, estime Alice Weidel, première candidate de l’extrême droite allemande à la Chancellerie. Dans une interview accordée à Bloomberg, elle défend sa vision:
"Ce dont nous avons besoin, c'est d'une zone de libre-échange entre les pays européens, mais nous n'avons pas besoin de toute cette bureaucratie. Les bureaucrates engloutissent l'argent des contribuables".
Pour Alice Weidel, l'Union européenne a détruit l'industrie automobile allemande. Elle dénonce notamment l’interdiction de la vente des véhicules à moteur thermique à partir de 2035.
Dans son programme, l’AfD estime nécessaire la création d’une "nouvelle communauté européenne". Le parti parle de négocier avec les États membres et d’éventuels nouveaux partenaires tout en soulignant qu’"une rupture brutale serait contre-productive".
L’extrême droite allemande veut aussi sortir de la zone Euro mais là aussi c’est assez flou. L’idée est d’introduire une monnaie nationale stable, "si nécessaire, tout en maintenant l’euro".
Une promesse récurrente
L’AfD tend à recycler les mêmes arguments à l’approche de chaque grand rendez-vous électoral. Elle avait adopté des positions similaires lors de la campagne pour le scrutin fédéral de 2021, avant ensuite de mettre de côté l’idée d’un "Dexit".
En janvier, elle le remettait sur la table. Les Européennes en ligne de mire, Alice Weidel proposait alors d’organiser un referendum sur une sortie de l’Union. Une position mouvante qui n’est pas sans rappeler celle du rassemblement national qui a finalement bien tempéré son hostilité à l’UE et mis de côté l’idée d’un Frexit.
Même si une sortie de l’UE serait inconstitutionnelle pour nombre d’experts, la promesse séduit. La moitié de ses électeurs sont en faveur d’un Dexit. L'extrême-droite ne cesse de gagner en popularité avec gros score aux Européennes, trois régions remportées récemment et une position très favorable dans les sondages pour ces législatives anticipées - deuxième derrière les conservateurs et devant les sociaux-démocrates.
"Germany first"
Par ailleurs, l'AfD fonde de grands espoirs sur la présidence de Trump. Alice Weidel, qui défend “l'Allemagne d'abord” demande la fin de toute aide militaire à l'Ukraine et espère que le futur président américain mettra fin à la guerre - ce que l’Europe, selon elle, n’est "pas capable de faire".
La fin du conflit permettrait, elle l’espère, un redémarrage des livraisons d'énergie bon marché en provenance de Russie, notamment de gaz naturel.
Interrogé sur l’impact d’une augmentation des droits de douanes sur l’industrie automobile allemande, la candidate à la chancellerie dit ne pas vraiment s’inquiéter. Les grands constructeurs que sont Volkswagen, BMW et Mercedes-Benz "sont déjà installés aux États-Unis. Et vous savez pourquoi? À cause des prix élevés de l'énergie en Allemagne", dit-elle.