Jimmy Lai: le magnat hongkongais devenu bête noire de Pékin

"Plus on est informé, plus on est libre", a lancé Jimmy Lai aux juges. Patron du journal Apple Daily, aujourd’hui fermé, l’homme de 77 ans est accusé de collusion avec des forces étrangères. Une infraction passible de l’emprisonnement à vie.
Jimmy Lai c’est l’histoire d’un self made man. Il arrive à Hong Kong clandestinement, en 1961, à bord d’un bateau de pêche, après avoir fui la Chine continentale. À l'âge de 12 ans il travaille dans des ateliers illégaux avant de fonder ce qui deviendra Giordano, un empire international du textile. Le milliardaire, devenu ensuite magnat de la presse hongkongaise est aujourd’hui la bête noire du parti communiste chinois. Pékin le qualifie d’artisan du chaos, de laquais de l’opposition.
Son tort? Avoir soutenu la démocratie durant les manifestations qui ont secoué Hong Kong en 2019. Mouvement sévèrement réprimé. Pour avoir tenté d’organiser des élections primaires en vue de législatives, 45 personnes ont été condamnées, mardi, à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison.
"Les lois doivent être respectées"
Ces procès font suite à l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en 2020. Depuis rien n’est plus pareil pour les Hongkongais aux velléités indépendantistes. Les tentatives, quelles qu’elles soient, visant à contester l’influence de la Chine sont sévèrement réprimées. Remettre en cause le statu de Hong Kong, prôner l’indépendance dans une chanson, ou commémorer le massacre de Tian'anmen peuvent couter très cher.
"Les lois doivent être respectées. Personne ne peut s'engager dans des activités illégales sous le couvert de la liberté et tenter d'échapper aux sanctions légales", rappelle Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Depuis l’adoption de ce texte, de nombreux militants, journalistes et membres de l’opposition ont été arrêtés, d’autre se sont enfuis.
Comme lors de tous les procès relatifs à la sécurité nationale à Hong Kong, Jimmy Lai ne fait pas face à un jury mais à trois juges. Des juges membres du comité de sécurité nationale à la solde du pouvoir.
Donald Trump veut "faire sortir" Jimmy Lai
Et ce procès fait énormément réagir à l’international. Les États-Unis, le Parlement européen et le Royaume-Uni réclament la libération immédiate de Jimmy Lai. Ce dernier est également citoyen britannique et son dossier est "une priorité" pour Keir Starmer qui s’inquiète de la détérioration de son état de santé. Une plainte a été déposée par des juristes auprès des Nations unies concernant sa détention qui dure depuis trois ans.
Pour faire pression, Washington menace d’imposer de nouvelles sanctions, sous la forme de restrictions en matière de visa. Sanctions qui viseraient plusieurs fonctionnaires de la ville chargés de l’application de la loi sur la Sécurité nationale. Même Donald Trump s'est engagé à agir pour sa libération. C’était durant la campagne présidentielle.
"J’en suis certain, je le ferai sortir", disait-il il y a quelques semaines.
Le dirigeant de Hong Kong visé par des sanctions américaines
Il faut savoir que Jimmy Lai est un fervent soutien du républicain. "Monsieur le Président, vous êtes le seul à pouvoir nous sauver", lui avait-il lancé sur CNN en 2020, quelques semaines avant son arrestation.
C’est cette même année que le président américain avait mis fin au régime économique préférentiel accordé par les États-Unis à l’ancienne colonie britannique. Il avait également signé une loi prévoyant des sanctions contre la répression chinoise.
L'actuel dirigeant de Hong Kong, John Lee fait l’objet de sanctions américaines. Au début du mois, il s’est refusé à commenter le retour de Trump à la Maison Blanche, se bornant à cette formule :
"Nous souhaitons un respect mutuel avec tous les pays, y compris les États-Unis, car le commerce est bénéfique pour les deux parties."
Concernant Hong Kong, le 47eme président américain devrait rester sur la même ligne que lors de son précédent mandat –ce qui ne sera certainement pas pour apaiser les tensions avec Pékin.