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"Je ne jette la pierre à personne, mais...": l'ancien commissaire européen Thierry Breton appelle Bruxelles à se ressaisir après l'accord défavorable avec Trump

L'ancien commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, lors d'une réunion au palais de l'Élysée à Paris, le 21 mai 2024 (photo d'illustration).

L'ancien commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, lors d'une réunion au palais de l'Élysée à Paris, le 21 mai 2024 (photo d'illustration). - Yoan VALAT / POOL / AFP

Invité de RTL ce mardi 29 juillet, l'ancien commissaire européen presse la Commission pour qu'elle se resaississe, après l'accord "subi" et conclu avec les États-Unis sur les droits de douane.

"Qu'est-ce que nous gagnons nous? Nous ne gagnons rien". Thierry Breton a employé un ton très amer ce mardi 29 juillet. Invité de RTL, l'ancien commissaire européen a dénoncé l'accord "subi" sur les droits de douane, conclu entre l'Union européenne (UE) et les États-Unis.

"Ce n'est pas l'Europe qui a voulu entrer dans cette discussion commerciale, c'est le président des États-Unis qui a (...) décidé d'imposer sa loi, sa vision des choses, en ce qui concerne le commerce international, à l'ensemble de la planète", a-t-il d'abord réagi.

Rappelant que l'Europe est "le second marché au monde après les États-Unis", Thierry Breton a surtout appelé la commission à "tirer les leçons".

"On a discuté pendant 120 jours, je ne jette la pierre à personne, je comprends que tout cela est extrêmement difficile. Mais enfin, c'est la commission, qui a délégation exclusive, de négocier en notre nom à tous", a-t-il souligné.

"Et donc il faut impérativement que nous puissions avoir tiré les leçons. Comment a-t-on pu en arriver là au bout de 120 jours? Et puis surtout, il faut que nous indiquions de façon extrêmement claire, ce qui est possible et ce qui ne l'est pas", a-t-il insisté.

"On n'a pas besoin de demander la permission"

Au-delà des 15% de droits de douane qui seront imposés aux produits européens exportés en direction des États-Unis, l'ex comissaire européen digère très mal les contreparties que l'UE doit s'engager à respecter.

L'accord prévoit en effet des achats d'hydrocarbures américains (gaz naturel et pétrole) et des combustibles nucléaires d'une valeur de 750 milliards de dollars sur trois ans, soit 250 milliards par an. Pour l'UE, cela permettra de remplacer les importations de gaz russe et d'éviter de financer ainsi la guerre lancé par le Kremlin en Ukraine.

Il comporte aussi de nouveaux investissements européens aux Etats-Unis pour un montant de 600 milliards de dollars. Le président américain a évoqué des "centaines de milliards de dollars" d'achats d'armement par les Européens.

"Aujourd'hui nous achetons pour 65 milliards uniquement aux États-Unis, il va falloir qu'on multiplie par quatre!", s'est insurgé Thierry Breton.

Craignant une nouvelle "phase d'incertitudes" avec les négociations techniques qui vont se tenir dans les semaines à venir, l'ancien commissaire européen appelle la Commission européenne à rester ferme: "encore une fois, on n'a pas besoin de demander la permission. Nous l'accord que nous allons devoir donner, ce sont les engagements complémentaires que nous avons à côté et là, je crains que ce sera très difficile. ", a-t-il alerté.

Caroline Robin