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Flambée des prix de l'énergie: les écoles publiques britanniques peinent à régler leurs factures

Ecole Le Sacré-Cœur d'Orgères, dans la banlieue de Rennes, dans l'ouest de la France, le 2 juin 2022

Ecole Le Sacré-Cœur d'Orgères, dans la banlieue de Rennes, dans l'ouest de la France, le 2 juin 2022 - Damien MEYER / AFP

Les écoles publiques du Royaume-Uni commencent à se trouver en difficulté face à la hausse des prix de l'énergie et l'explosion du montant de leurs factures. Un phénomène qui interroge à quelques mois de la saison hivernale.

Les élèves britanniques devront-ils assister aux cours en gants et en manteaux l'hiver prochain? C'est une question qui se pose alors que les écoles, au Royaume-Uni, se trouvent confrontées à des factures d'énergies aux montants inédits.

Rachael Warwick, qui dirige un groupe de trois écoles dans le sud de l'Angleterre évoque une hausse "colossale". En temps normal, son budget pour le gaz et l'électricité atteint 250.000 livres (289.000 euros) par an. Mais la hausse galopante des prix de l'énergie depuis un an a fait passer la facture à 1,1 million de livres (soit environ 1,27 million d'euros).

"Nous sommes à la recherche de 900.000 livres supplémentaires, non budgétées, c'est une énorme pression", s'inquiète-t-elle.

Le Royaume-Uni est déjà frappé par une inflation qui dépasse les 10%, le niveau le plus élevé dans les pays du G7, et la situation menace de s'aggraver face aux nouvelles hausses prévues des prix de l'énergie.

Alors que les ménages sont protégés par un plafond tarifaire imposé par les pouvoirs publics, qui doit toutefois augmenter de 80% en octobre, rien n'existe pour les entreprises et les établissements publics. Des pubs aux hôpitaux, la crise touche tous les secteurs.

Des budgets fixés avant la flambée des prix de l'énergie

Après deux rentrées scolaires plombées par la pandémie de Covid-19, les chefs d'établissements doivent désormais gérer cette nouvelle crise, avec des budgets fixés avant la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'énergie. "De ce que j'entends d'autres écoles, les prix vont au moins doubler ou tripler", s'inquiète Paul Gosling, directeur d'une école primaire à Exmouth (sud de l'Angleterre) et président du syndicat des directeurs d'établissements NAHT.

D'autant que les écoles doivent aussi financer, sans abondement supplémentaire de l'Etat, la hausse de 5% des salaires de leurs employés, annoncée cet été par le gouvernement.

"Les livres coûtent plus cher, la nourriture coûte plus cher, tout est plus cher", insiste Steve Chalke, fondateur du groupe d'école Oasis qui compte 52 établissements.

"Des choix difficiles"

Conséquence, partout, les directeurs d'écoles cherchent des moyens de faire des économies. "Ce sont des choix difficiles", regrette-t-il, évoquant la possibilité d'augmenter la taille des classes, d'annuler les voyages scolaires, ou de baisser le chauffage d'un ou deux degrés.

"Certains suggèrent de passer à la semaine de 4 jours. De fermer l'école une journée. Mais nous ne pouvons pas faire ça (...) Sinon, comment les parents feront pour aller travailler?"

Rachael Warwick prévoit de réduire de "20 à 30%" la consommation d'énergie dans ses écoles, avec des mesures "évidentes". "Nous allons baisser le chauffage, éteindre les lumières. Nous allons demander aux élèves et aux personnels de se vêtir plus chaudement. Mais ce n'est pas du tout à la hauteur des économies que nous devons faire", pointe-t-elle.

Un plafonnement étendu aux services publics

Tous en appellent donc au futur Premier ministre qui sera désigné lundi. "Tous les services publics auraient besoin d'un prix plafond", comme les particuliers, réclame Paul Gosling. Il pointe, comme d'autres directeurs, des années d'austérité pour le financement de l'éducation.

"Si le gouvernement ne fait rien, les écoles vont chercher à équilibrer leur budget en coupant dans leurs dépenses", notamment en réduisant leurs effectifs, comme les assistants d'éducation. "Mais ce n'est pas une bonne chose car cela pénaliserait l'éducation que les enfants reçoivent", estime-t-il.

Au ministère de l'Education, on se dit "conscient des pressions inflationnistes auxquelles font face les écoles". Le gouvernement a "augmenté ses financements de 4 milliards de livres cette année" et a également fourni aux écoles des recommandations sur les offres de fourniture d'énergie, rappelle-t-il dans une déclaration.

Dans la campagne pour désigner le futur Premier ministre, les deux finalistes, Liz Truss et Rishi Sunak, ont promis d'aider les écoles face à ces coûts supplémentaires. "Nous sommes dans cette situation parce que nous avons décidé de soutenir les Ukrainiens. En faisant cela, il y a bien sûr un prix à payer mais il n'y a pas de raison que ce soient les enfants qui le payent", lâche Steve Chalke.

NLC avec AFP