BFM Business
International

Espresso, iPhone ou baskets: l'offensive douanière de Trump devrait coûter plus de 300 dollars par mois à un ménage américain

placeholder video
Selon le Budget Lab de l'université de Yale, mises bout à bout, les hausses de prix des produits de grande consommation pourraient coûter près de 4000 dollars par an aux ménages américains.

Les conséquences internationales de la flambée tarifaire décidée par Donald Trump sont encore difficiles à cerner. Mais un consensus se dégage: à court terme, ce seront bien les consommateurs qui seront frappés au portefeuille à cause de la hausse de nombreux produits importés au moment où les Américains se plaignent déjà de la baisse de leur pouvoir d'achat.

Selon le Budget Lab de l'université de Yale, mises bout à bout, les hausses de prix des produits de grande consommation ou technologiques pourraient coûter 3800 dollars (3400 euros) par an aux ménages américains, soit 317 dollars par mois.

Une analyse de la Tax Foundation estime de son côté que les tarifs douaniers de Trump pourraient coûter aux ménages américains moyens 2100 dollars par an.

Quels seraient les produits qui augmenteraient le plus?

Vêtements et textile

Les nouveaux droits de douane signifient en effet que les importations aux Etats-Unis en provenance de la Chine ou du Vietnam seront plus chères. Les géants de l'habillement et du textile dépendent d'une main-d'oeuvre bon marché dans ces pays.

En 2023, l’Asie assurait 87,1% de la production mondiale de chaussures avec plus de 1,3 milliard de paires rien que pour le Vietnam, selon le World Footwear Yearbook.

Selon une analyse de Footwear Magazine, aux États-Unis, les taxes mises en vigueur pourraient entraîner une augmentation des prix des chaussures de 6,4 à 10,7 milliards de dollars par an, ce qui signifie qu'une paire de baskets actuellement vendue 50 dollars pourrait voir son prix grimper entre 59 et 64 dollars.

Le Budget Lab de l'université de Yale a estimé que l'effet de tous les droits de douane annoncés jusqu'au 2 avril entraînerait une hausse de 17% du coût des vêtements et du textile en général.

Voitures et high-tech

Côté technologies, le consommateur américain ne devrait pas non plus être épargné, compte tenu de la quantité de produits fabriqués ou assemblés en Inde et en Chine.

Malgré les mesures prises pour élargir sa chaîne d'approvisionnement, Apple fabrique toujours la grande majorité de ses iPhones en Chine, par l'intermédiaire du fournisseur taïwanais Foxconn.

Au total, la Chine sera accablée de droits de douane de 54% à partir du 9 avril.

Les amateurs américains d'iPhones, qui représentent jusqu'à 70% des ventes, restent toutefois "relativement plus enclins à accepter des augmentations de prix", tempère Ming-Chi Kuo, spécialiste de la marque à la pomme.

En plus des mesures annoncées mercredi, l'administration Trump a également mis en place des droits de douane de 25% sur les véhicules qui ne sont pas fabriqués aux Etats-Unis, ce qui, selon les analystes, pourrait augmenter de plusieurs milliers d'euros le coût d'une voiture.

Alimentation, café et alcools

Les Etats-Unis importent une part croissante des fruits et légumes frais qu'ils consomment, selon les chiffres du ministère de l'Agriculture.

Une grande partie provient du Canada et du Mexique, deux pays pas immédiatement concernés par les droits de douane annoncés mercredi, mais soumis eux aussi à des surtaxes.

Pour le reste, certains produits devraient être affectés comme les bananes importées du Guatemala, de l'Equateur et du Costa Rica, tous soumis aux nouveaux droits de douane à partir du 5 avril, en l'occurrence au taux de 10%.

Le café, dont environ 80% est importé selon le ministère, devrait voir son prix augmenter, les principaux exportateurs, le Brésil et la Colombie, étant bientôt frappés eux aussi à 10%.

Les importations d'huile d'olive et d'alcool en provenance d'Italie, d'Espagne ou de Grèce seront touchées par la nouvelle taxe de 20% imposée à l'Union européenne à compter du 9 avril.

Le riz parfumé au jasmin thaïlandais sera soumis à des droits de 36%, tandis que le riz basmati, comme les crevettes venues d'Inde, seront sous le coup d'une taxe à 26%.

Olivier Chicheportiche avec AFP