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"Digital nomad visa": ces pays qui veulent séduire de nouveaux touristes télétravailleurs

Une plage d'Orewa, au nord d'Auckland en Nouvelle-Zélande, le 5 mars 2021.

Une plage d'Orewa, au nord d'Auckland en Nouvelle-Zélande, le 5 mars 2021. - DAVID ROWLAND / AFP

La Nouvelle-Zélande vient d’assouplir ses règles de séjour pour les "digital nomads", ces télétravailleurs qui voyagent. D'autres pays permettent aux étrangers de prolonger leurs séjours grâce à des visas spéciaux.

La Nouvelle-Zélande vient d’annoncer de nouvelles règles quant à l’obtention d’un visa pour les "digital nomad". Les salariés en 100% télétravail, auto-entrepreneurs ou freelance peuvent dorénavant visiter et travailler dans l'archipel pour une durée de 90 jours, tout en passant par un visa de voyage classique.

Avec cette mesure, le gouvernement néo-zélandais espère attirer plus de touristes sans menacer les emplois locaux. Le pays connaît actuellement des difficultés économiques importantes. Sa croissance stagne et le taux de chômage augmente tout autant que le nombre de citoyens cherchant des emplois à l’étranger, selon la BBC.

Cette situation est le résultat d’un tourisme, secteur pourtant porteur de l’économie néo-zélandaise, qui peine à redémarrer après la pandémie de Covid-19 en 2020.

"Workcation"

À ce jour, peu de pays proposent des visas "digital nomads" exclusivement réservés aux télétravailleurs. Pourtant, ils présentent un réel avantage pour les voyageurs: rester plus longtemps dans un pays étranger pour télétravailler, sans payer de taxes d'habitation ou sur le travail.

Le 100% télétravail offre la possibilité, à ceux dont le contrat le permet, de travailler sans restriction géographique. En 2023, 26% des salariés français travaillaient trois jours ou plus par semaine, selon une étude de la Dares.

Vu comme un combo gagnant entre voyage et travail, le "workcation" (contraction en anglais de "work" signifiant "travail" et "vacation", "vacances") est de plus en plus prisé par les millénials et la Gen Z. Et ça les offices de tourismes aux quatre coins du monde l’ont bien compris.

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Critères de sélection

Le Brésil propose, depuis janvier 2022, un "digital nomad visa" qui offre la possibilité aux télétravailleurs étrangers de venir s’installer sur une période d’un an, renouvelable une fois, tout en travaillant pour des compagnies étrangères. Pour l’obtenir, il faut toutefois répondre à certains critères: une preuve d’un revenu étranger mensuel équivalent à 1.438 euros ou un solde bancaire en compte courant d’au moins 17.264 euros ainsi qu’une assurance santé valable sur le territoire brésilien.

Le salaire mensuel est d’ailleurs toujours le critère de sélection principal pour pouvoir bénéficier d’un tel visa. Depuis mai 2024, au Japon, il est demandé aux demandeurs de bénéficier d’un salaire annuel d’au moins 10 millions de yens, soit 61.690 euros. Comme indiqué sur le site du Ministère des Affaires étrangères, ce visa n’est valable que pour six mois et est non-renouvelable.

En Corée du Sud, depuis le 1er janvier 2024 il est possible de demander un "workcation visa", d’une durée maximale de deux ans. Les travailleurs étrangers doivent également justifier un salaire annuel équivalent à 57.600 euros. Les titulaires d’un visa de télétravail pour la Corée peuvent toutefois demander une carte de résidence.

Cette sélection par le revenu n’est pas anodine. Ces pays espèrent séduire des individus diplômés qui pourraient plus tard faire bénéficier de leur réseau international aux entreprises locales.

Impact sur l’économie locale

Plus proche de l’hexagone, en Espagne, il est possible de demander un Digital Nomad Visa pour un an, renouvelable jusqu’à 5 ans. La péninsule ibérique ne le délivre que dans des cas précis: il faut être diplômé d’une licence ou un Bachelor, avoir travaillé au moins 3 ans dans le même domaine et justifier d’un salaire mensuel de 2.400 euros.

À l’inverse de la Nouvelle-Zélande, le royaume espère toutefois réduire la distribution de visa de ce type. Cet été, les actions anti-touristes se multipliaient, notamment en raison de la hausse des prix des locations de courte durée, conséquences du sur-tourisme.

En Afrique du Sud aussi le gouvernement rétrograde après avoir lancé son visa pour les travailleurs nomades en mai 2024. Ses opposants pointent du doigt la hausse des prix en raison des travailleurs en "workcation".

Enora Le Louarn avec Brightcove