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Dégel sur le front commercial entre Washington et Pékin

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- - Nicolas ASFOURI / AFP

Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine semblent s'apaiser. Le Président américain se montre optimiste sur la possibilité d'un accord entre les deux pays.

Cette fois les présidents américain et chinois semblent être sur la même longueur d'onde: tous deux souhaitent trouver un accord commercial. Preuve du réchauffement de leurs relations, les deux dirigeants se sont entretenus jeudi au téléphone. Une première depuis mai dernier. Donald Trump a fait part publiquement d'une «très bonne conversation». Le président américain estime que beaucoup de progrès ont été réalisés et s'est montré optimiste sur la possibilité d'un accord commercial entre son pays et la Chine. De son côté, le président Xi Jinping s'est dit «très heureux» d'avoir de nouveau parlé avec Donald Trump, affirmant qu'il attachait «une grande importance aux bonnes relations avec le président américain».

Pas de détails en revanche sur les progrès réalisés, ni précisions sur le calendrier. Seule information, les présidents américain et chinois devraient s'entretenir lors du sommet du G20 prévu les 30 novembre et 1er décembre en Argentine. Un dîner avec les 2 dirigeants serait déjà prévu.

Chine et Etats-Unis se livrent depuis des mois une guerre commerciale avec la mise en place de taxes douanières punitives réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises. Aujourd'hui, la volonté d'un accord semble bien réelle, mais il reste un long chemin à parcourir. Comme l'affirme le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, les exigences posées par Donald Trump restent inchangées. A savoir mettre fin aux pratiques commerciales de Pékin jugées « déloyales», notamment le transfert forcé de technologies des entreprises étrangères en Chine, ou encore les subventions d'industries stratégiques chinoises. Jusqu'ici le président a aussi conditionné un accord à la diminution de 200 milliards de dollars du déficit américain.

Ces dernières déclarations coïncident avec la publication d'un déficit commercial américain une nouvelle fois en progression en septembre, sous l'effet notamment d'importations record en provenance de Chine. Le déficit des biens et services s'est établi à 54 milliards de dollars avec des exportations en hausse de 1,5% à 212,6 milliards, et des importations également en hausse de 1,5% à 266,6 milliards. Le déficit sur les échanges de marchandises avec Pékin atteint 37.4 milliards de dollars, sur le seul mois de spetembre. Un niveau jamais atteint.

«Incertitude» sur l'économie chinoise

De son côté le président Xi Jinping avait concédé jeudi que "l'incertitude" frappait l'économie nationale. La deuxième économie mondiale semble en effet montrer des signes de faiblesse, confrontée à cette guerre commerciale avec les Etats-Unis, mais aussi à une dette massive et à un affaiblissement du yuan. Xi Jinping a toutefois cherché à rassurer les chefs d'entreprises, promettant notamment une fiscalité allégée et des mesures de soutien pour le secteur privé. Il a ainsi proposé que les gouvernements locaux puissent renflouer des sociétés.

Signe que l'économie est en perte de vitesse, l'activité manufacturière en Chine est tombée en octobre à son plus bas niveau depuis plus de deux ans. Autre motif d'inquiétude: la monnaie chinoise, elle aussi tombée mardi à son plus bas niveau depuis 2008 face au dollar. Un yuan faible rend les exportations de biens chinois moins coûteuses à l'étranger, permettant de compenser une partie des coûts plus élevés liés aux droits de douane américains. Mais cela renchérit également le coût des matières premières en provenance des marchés internationaux.

Le Fonds monétaire international déplore depuis des mois l'escalade des tensions commerciales entre les deux premières puissances du monde. En octobre, l'institution de Washington avait d'ailleurs abaissé ses prévisions d'expansion mondiale pour 2018 et 2019 à 3,7%, soulignant que les risques s'étaient matérialisés avec l'imposition des taxes américaines et chinoises. Washington et Pékin avaient pourtant trouvé un consensus en mai dernier avant de rapidement déterrer la hache de guerre. Reste donc à savoir si ces dernières avancées aboutiront à un accord fiable et durable.

Sandrine Serais