BFM Business
International

Canal de Panama: Marco Rubio met en garde, Mulino ne voit pas de "menace réelle"

Vue aérienne du canal de Panama, le 13 décembre 2022 (photo d'illustration).ana

Vue aérienne du canal de Panama, le 13 décembre 2022 (photo d'illustration).ana - Luis ACOSTA / AFP

Pour sa première visite à l'étranger en tant que chef de la diplomatie américaine a transmis au président du Panama la position du président Donald Trump sur la "violation du traité" régissant le canal de Panama, carrefour maritime stratégique pour le commerce mondial.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a menacé ce dimanche 2 février le Panama de "mesures" en l'absence de "changements immédiats" sur le canal de Panama, mais le président Jose Raul Mulino a lui proposé des discussions "techniques" aux États-Unis et dit ne pas croire à une intervention militaire.

Pour sa première visite à l'étranger en tant que chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio a transmis au président du Panama la position du président Donald Trump sur la "violation du traité" régissant le canal de Panama, carrefour maritime stratégique pour le commerce mondial.

Dès le jour de son investiture, le 20 janvier, Donald Trump a dit vouloir en "reprendre" le contrôle pour contrer l'influence de la Chine.

Lors de son entretien avec le président Mulino, Marco Rubio a déclaré que "la position actuelle d'influence et de contrôle du Parti communiste chinois sur la zone du canal de Panama constitue une menace pour le canal et représente une violation du traité concernant la neutralité permanente et le fonctionnement du canal de Panama", selon la porte-parole du département d'Etat, Tammy Bruce.

Aussi, Marco Rubio "a clairement indiqué que ce statu quo était inacceptable et qu'en l'absence de changements immédiats, les États-Unis devraient prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs droits en vertu du traité", a-t-elle ajouté.

Construit par les États-Unis et inauguré en 1914, le canal de Panama est passé sous contrôle panaméen fin 1999, en vertu de traités signés en 1977 par les présidents de l'époque, l'américain Jimmy Carter et le dirigeant nationaliste panaméen Omar Torrijos.

"Pas de menace réelle"

Au terme de la rencontre, le président panaméen a lui proposé des discussions au niveau "technique" avec les États-Unis pour répondre aux préoccupations du président Donald Trump.

"Nous avons présenté la possibilité que nos équipes techniques" clarifient "tout ce qui doit l'être", a déclaré Marco Mulino lors d'une conférence de presse. Aucune date n'a encore été fixée pour de telles discussions, a-t-il précisé, affichant sa confiance quant à la suite des relations avec les États-Unis.

"Je crois que nous avons mené cette conversation de très bonne foi", a-t-il déclaré, soulignant que les bases pour une "meilleure relation" entre Panama et Washington avaient été jetées.

"Je n'ai pas l'impression qu'il y ait une menace réelle en ce moment contre le traité, la validité et encore moins l'utilisation de la force militaire pour prendre le contrôle du canal, je n'ai pas cette impression", a-t-il encore dit.

Plus tard dans la journée, le secrétaire d'État doit visiter le canal de Panama, voie maritime reliant les océans Atlantique et Pacifique, par laquelle transitent 40% du trafic de conteneurs américain.

Selon Washington, l'influence croissante de la Chine autour du canal menace les intérêts américains et pourrait permettre à Pékin de bloquer cette voie maritime stratégique en cas de conflit.

En réponse, le président Mulino a lancé l'audit d'une société hongkongaise gérant les installations portuaires aux deux extrémités du canal.

Colère dans la rue

Des manifestations, limitées, mais intenses, ont éclaté avant la visite de Marco Rubio. La police a fait usage de gaz lacrymogène.

Des manifestants ont brûlé une effigie de Marco Rubio, vêtu d'un costume aux couleurs américaines, et ont brandi des photos du secrétaire d'État et du président Trump devant un drapeau américain et un autre marqué d'une croix gammée.

"Rubio, pars du Panama!", scandaient quelque 200 manifestants. "Au messager de l'empire", a crié le syndicaliste Saul Medez, en référence à Marco Rubio, "nous répétons que Trump n'a absolument rien à trouver ici. Le Panama est une nation libre et souveraine".

Premier secrétaire d'État hispanique et catholique pratiquant, Marco Rubio a commencé sa journée par une messe dans une église coloniale de la vieille ville.

Il poursuivra sa tournée par le Salvador, le Costa Rica, le Guatemala et la République dominicaine, où il doit promouvoir la politique migratoire de Donald Trump axée sur les expulsions.

À la veille de la visite de Marco Rubio, Donald Trump a encore durci le ton en signant des sanctions contre ses trois principaux partenaires commerciaux : Canada, Mexique et Chine.

C.L.