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Brexit : Dancing queen…

Theresa May esquisse quelques pas de danse avant son discours, ce mercredi, devant les Conservateurs réunis à Birmingham.

Theresa May esquisse quelques pas de danse avant son discours, ce mercredi, devant les Conservateurs réunis à Birmingham. - OLI SCARFF / AFP

Depuis son arrivée au pouvoir, Theresa May développe une vision d'un Royaume-Uni appelé à jouer à plein le jeu de la mondialisation et non pas à se replier sur le protectionnisme et la nostalgie de sa grandeur passée.

Le congrès du parti conservateur anglais qui se tenait la semaine dernière a été marqué par le pas de danse de Theresa May sur la chanson « Dancing queen », pas de danse supposé faire oublier combien elle avait été mal à l’aise lors d’un récent voyage en Afrique quand elle a dû se trémousser en public. Résultat, son message sur le Brexit est passé relativement inaperçu. Les commentateurs se sont contentés de dire qu’elle reprenait la vision qu’elle développe depuis son installation au 10 Downing Street, d’un Royaume-Uni appelé à jouer à plein le jeu de la mondialisation et non pas à se replier sur le protectionnisme et la nostalgie de sa grandeur passée. Il faut prendre au sérieux ces propos car présenter le Brexit comme l’expression anglaise de la montée du populisme est réducteur voire erroné.

Le Royaume-Uni se cherche désormais ce que les économistes appellent un nouvel avantage comparatif, c’est-à-dire le meilleur moyen d’affirmer sa place dans le monde. Pendant longtemps, ses avantages comparatifs étaient centrés sur deux domaines. L’un était lié à une rente institutionnelle, celle de la maîtrise du savoir-faire financier incarnée par la City ; l’autre reposait sur une rente naturelle, à savoir la production de charbon. Les deux se sont épuisés. En 1913, le Royaume-Uni a produit 294 millions de tonnes de charbon, dont 96 millions ont été exportés. Cette production représentait 22% de la production mondiale. Quant aux ouvriers mineurs, ils étaient 1 127 000.

En 2016, le Royaume-Uni n’a produit que 4 millions de tonnes de charbon et le nombre de mineurs est descendu à 5 000. Pour ce qui est de la finance, la suprématie des Etats-Unis est devenue incontestable. Aujourd’hui, 50% de la capitalisation bancaire mondiale est américaine et 65% des réserves en devises des banques centrales sont en dollars. Le rôle international de la livre est en déclin. Après être descendu à 2% dans les réserves des banques centrales en 1995, sa part s’est stabilisée depuis à 4%.

En fait, l’avantage comparatif à venir du Royaume-Uni post-Brexit, post-fermeture des mines et post-perte d’influence de la City au profit de Wall Street, va maintenant se constituer autour de l’amour de la liberté vanté par Theresa May. Le culte britannique de l’individualisme entre naturellement en résonance avec notre monde qui est de plus en plus concurrentiel et où liberté économique et dérégulation deviennent la norme. C’est lui qui va refaire du Royaume-Uni un modèle de dynamisme.