Accélération surprise de l'inflation américaine: un symptôme du mandat Biden qui menace Trump

Selon l'indice des prix à la consommation, l'inflation américaine a accéléré en janvier, atteignant 3% sur un an, de janvier 2024 à janvier 2025. Pour le quatrième mois d'affilée, l'inflation progresse. Une annonce qui a surpris les analystes qui tablaient sur un ralentissement à 2,8%, selon le consensus reporté par Marketwatch cité par l'AFP.
Outre les prix à la consommation, l'inflation sous-jacente –qui exclut les indices volatils comme l'énergie et l'alimentation- a aussi progressé, s'établissant à 3,3% sur un an. Les prix des assurances automobiles, des véhicules d'occasion, des loisirs, des soins médicaux ont ainsi beaucoup augmenté.
Trump met l'inflation sur le dos de Biden
L'accélération de l'inflation est une mauvaise nouvelle pour Donald Trump. La hausse des prix avait été symptomatique du mandat Biden, avec des hausses de prix cumulées qui ont pu atteindre 20%, dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l'énergie. Trump en avait fait un de ses thèmes de campagne et s'était engagé à restaurer le pouvoir d'achat du consommateur américain.
Comment mettre à distance ce signal négatif de poursuite de l'inflation? La réaction du président ne s'est pas faite attendre. Flirtant avec la vérité, Donald Trump a immédiatement écrit sur son réseau social:
"L'inflation de Biden est en hausse!"
On peut objecter que le président est aux commandes depuis le 20 janvier, en ayant en plus avancé beaucoup de pistes de mesures avant même sa prise de fonction, et qu'il pourrait également être comptable de ce mauvais résultat. Mais de manière plus structurelle, l'inflation risque bien d'être le mauvais génie du mandat du républicain. En effet, le programme économique de Trump devrait paradoxalement contribuer à entretenir l'inflation.
Une politique protectionniste synonyme d'inflation
La hausse annoncée des droits de douane, à l'encontre du Mexique, du Canada ou de la Colombie –et promise également à l'Union européenne, notamment sur les achats d'acier et d'aluminium- va renchérir les prix des produits importés. C'est le principe de l'inflation importée. Ce risque d'inflation avait été commenté par Matthias Baccino, directeur des marchés européens pour Trade Republic, sous le terme d'"inflation artificielle".
"La politique de Donald Trump pourrait faire revivre l'inflation de manière artificielle car les droits de douane créent cette inflation", expliquait l'analyste sur BFM Business.
Les droits de douane renchérissent en effet le coût du produit importé, ce qui pèse sur le consommateur américain, sauf produit de substitution national. Or, les États-Unis sont un gros pays d'importation. En 2023, les importations de biens et de services représentaient 13,9% du PIB, selon les données de la Banque Mondiale.
D'autres mesures annoncées par le président républicain pourraient contribuer à faire repartir l'inflation américaine à la hausse: les baisses d'impôt, l'expulsion des sans-papiers, les anticipations des marchés et des consommateurs d'une inflation à la hausse.
La FED pourrait ne pas baisser ses taux
Pour ne pas pénaliser l'économie, Trump imaginait faire pression sur la Réserve fédérale américaine pour baisser ses taux directeurs. Mesure que l'institution pourrait être peu encline à suivre. En effet, une baisse des taux directeurs contribue positivement en diminuant le coût des prêts à relancer l'économie, mais augmente également le prix des biens et des services, et donc entretient l'inflation. Les derniers chiffres de l'inflation, dont l'indice PCE, autre indice des prix à la consommation surveillé par la Réserve fédérale, pourraient ainsi inciter l'institution à retarder sa baisse des taux.
Qu'à cela ne tienne. "Les taux doivent baisser pour aller de pair avec la hausse des droits de douane", a encore affirmé Donald Trump mercredi sur son réseau Truth Social, ajoutant "Lets rock and roll, America", juste avant la publication de l'indice CPI.