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L'inflation accélère trois mois de suite aux Etats-Unis à un taux plus fort qu'en Europe

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La hausse des prix à la consommation a rebondi à 2,6% sur un an contre 2,4% un mois plus tôt, selon l'indice PCE publié par le département du Commerce qui sert de référence à la Réserve fédérale américaine.

L'inflation a accéléré pour le troisième mois d'affilée en décembre aux Etats-Unis, selon des données officielles publiées vendredi, et alors que les prix risquent d'être secoués par les droits de douane promis par le président Donald Trump. Le chef de l'Etat a affirmé qu'il voulait imposer dès le 1er février 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, et 10% de taxes additionnelles à l'égard des produits chinois.

Ce genre de mesures, associées aux baisses d'impôts qu'il souhaite aussi prolonger et amplifier, sont de nature à relancer l'inflation dans le pays, s'accordent de nombreux experts. Le mois dernier, l'inflation a rebondi à 2,6% sur un an contre 2,4% un mois plus tôt, selon l'indice PCE publié par le département du Commerce qui sert de référence à la Réserve fédérale américaine (Fed) pour savoir si la première économie mondiale se rapproche de sa cible de 2%.

"Têtue"

Sur un mois, l'inflation a aussi accéléré, à +0,3%, contre 0,1% en novembre, une hausse conforme au consensus des analystes compilé par MarketWatch. L'indice PCE de l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire excluant les prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, a aussi accéléré sur un mois (+0,2% contre 0,1% en novembre) mais est resté stable sur un an à 2,8%, là aussi conformément aux attentes des analystes.

Le manque de progrès sur l'inflation pourrait conforter la banque centrale américaine dans l'idée qu'il lui faut encore patienter avant de diminuer ses principaux taux directeurs, surtout en l'absence de signes de faiblesse du marché du travail et d'essoufflement de la consommation. Mercredi, la Fed a décidé à l'unanimité de laisser ses taux inchangés, déclenchant les foudres du président Donald Trump qui veut les voir diminuer "immédiatement".

"Si votre mesure de référence augmente, la dernière chose que vous aurez l'idée de faire, c'est de baisser les taux", surtout "comme la consommation se porte bien", avait déclaré jeudi à l'AFP Dan North, économiste pour Allianz Trade North America. Lors de sa réunion de décembre, la Fed avait indiqué qu'elle envisageait deux baisses de taux, d'un quart de point chacune, en 2025. L'inflation étant "têtue", "on considère qu'il pourrait n'y avoir plus qu'une baisse cette année", avait estimé Dan North, ajoutant que "la balance pourrait finalement pencher vers zéro".

En bonne voie pour atteindre 2%

Pour Kathy Bostjancic, chef économiste chez Nationwide, la tendance est toujours au ralentissement de l'inflation sur une plus longue période, "en particulier grâce à l'inflexion des prix des loyers". Toutefois, souligne-t-elle dans une note, ce mouvement pourrait être mis à mal par des droits de douane qui renchériraient le prix des biens. Toute dépendra "de leur ampleur et de leur durée", ajoute-t-elle.

Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a reconnu vendredi, lors d'une interview sur la chaîne CNBC, qu'il y avait une "grande incertitude politique" pour la suite, tout en refusant de faire des conjectures sur ce qui pourrait effectivement se passer. En attendant, il considère que le pays est toujours en bonne voie pour rattraper la cible de 2% d'inflation, ce qui plaide selon lui pour des taux "relativement plus bas".

"Solidité actuelle"

Dans une autre tonalité, la gouverneure de la Fed Michelle Bowman a déclaré vendredi depuis le New Hampshire qu'elle souhaitait "constater des progrès" sur le front de l'inflation avant "de décider de modifier davantage". Au vu de la "solidité actuelle de l'économie et des prix des actions nettement plus élevés qu'il y a un an, il semble peu probable que le niveau des taux d'intérêt exerce une restriction significative" sur la marche des affaires, a-t-elle même ajouté.

La Réserve fédérale n'a pas besoin "d'agir dans la précipitation" et d'abaisser davantage ses taux alors que l'économie des Etats-Unis, et tout particulièrement son marché de l'emploi, restent solides, avait estimé mercredi le président de la Fed, Jerome Powell. Jeudi, les chiffres du PIB ont montré que la croissance était restée soutenue en 2024 (+2,8%), en dépit d'un ralentissement au dernier trimestre.

T.L avec AFP