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27% de ventes en moins en 2022 pour Gazprom, la Chine à la rescousse

Pékin a augmenté ses livraisons de gaz russe de 60% depuis le début de l'année. De quoi amortir le choc de la progressive coupure de gaz en Europe.

Gazprom commence à pâtir de la guerre en Ukraine. Alors que les Européens travaillent à un embargo coordonné sur le gaz russe, qui pourrait voir le jour dès la semaine prochaine, la compagnie détenue par le Kremlin a vu ses ventes baisser de 27% sur les quatre premiers mois de l'année, en comparaison avec 2021.

"Les exportations vers les pays hors CEI (l'UE et la Turquie, ndlr) se sont élevées à 50,1 milliards de mètres cubes", a indiqué le groupe dans un communiqué, sans fournir d'explication.

Sur cette même période, le géant gazier a indiqué que sa production était en baisse de 2,5% sur un an, à 175,4 milliards de mètres cubes. Pour atteindre l'objectif de remplissage à 90% des installations de stockage affiché par l'Union européenne, les entreprises devront pomper 56 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz", affirme Gazprom.

Pékin, un client très particulier

Si le remplissage des cuves européennes en vu de l'hiver doit s'organiser dans les prochains mois, Gazprom met la pression en conditionnant ces livraisons aux exigences de l'Asie :

"La reconstitution des réserves de gaz dans les installations souterraines en Europe est un défi très sérieux", a assuré le groupe. "La quantité totale de gaz disponible sur le marché européen dépend fortement de la demande sur le marché asiatique en pleine croissance."

La Chine, notamment, est le grand soutien de la Russie : sans soutenir ni condamner la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine, elle offre une porte de sortie aux compagnies russes, aux prises avec les sanctions européennes.

Pékin a ainsi réhaussé ses livraisons de gaz de 60% en un an, souligne Gazprom. Ce, grâce au gazoduc Power of Siberia, lancé après l'annexion de la Crimée, et dans un contexte géopolitique similaire.

Moscou et l'Empire du Milieu ont réitéré en mars, en s'entendant sur la conception concevoir du pipeline Soyouz Vostok, qui traversera la Mongolie vers la Chine, et pourra transporter jusqu'à 50 milliards de mètres cubes de gaz par an, après signature d'un accord bilatéral.

Moscou grande gagnante des cours en hausse

En dehors de ce revirement stratégique, Moscou réussit pour le moment à surcompenser la baisse de ses ventes de gaz : et pour cause, la hausse des prix du baril et du mètre cube de gaz lui profite largement.

Le gaz naturel a ainsi grimpé de 85% depuis le début de l’année, quand le pétrole a progressé de 30% entre janvier et avril... Conséquence: alors que la Russie vendait en moyenne 12 milliards d’euros d’hydrocarbures par mois, aux pays de l’Union Européenne, cette moyenne est passée à 22 milliards depuis le début du conflit.

Mais le vent pourrait tourner rapidement pour le Kremlin. Berlin a réduit d'un tiers sa dépendance au gaz, et vise toujours à se détacher de la Russie en 2022. La Pologne et la Bulgarie ont aussi déjà montré qu'elles n'accepteraient pas de payer les hydrocarbures russes en roubles, et ont été déconnectées, dès lors, par Gazprom.

VG avec AFP