"Inégal et déséquilibré": après l'accord conclu entre l'UE et Trump, Clément Beaune appelle les Européens à ne pas être les "Télétubbies du commerce international"

Le nouveau Haut-commissaire au plan, Clément Beaune, le 14 février février 2024 à Paris - Ludovic MARIN / AFP
Le compte n'y est pas (encore). Invité de Franceinfo ce lundi 28 juillet, le Haut-commissaire au Plan et à la Stratégie, Clément Beaune, a considéré que l'accord sur les droits de douane, conclu entre les États-Unis et l'Union européenne dimanche, était "inégal et déséquilibré" et appelé les Européens à ne "pas être les Télétubbies du commerce international".
Alors que Donald Trump menaçait d'augmenter les taxes à 30% dès le 1er août, Bruxelles et Washington ont enfin conclu un accord commercial prévoyant des droits de douane de 15% sur les exportations européennes en direction des États-Unis.
Clément Beaune, lui, voit "le verre un quart plein et trois quarts vides". Il souligne d'abord quelques aspects positifs, notamment "la stabilité que va permettre cet accord". "Beaucoup d'entreprises disaient avoir besoin de savoir pour investir, pour commercer avec les États-Unis", a-t-il ajouté.
L'aéronautique préservé
Le Haut-commissaire au Plan s'est aussi félicité "de la "fermeté", dont la France a fait preuve vis-à-vis de la Commission européenne.
"Nous avons des intérêts directs qui ont été préservés, je pense à l'aéronautique, qui est un de nos produits d'exportation majeurs vers les États-Unis. Là, il n'y a, semble-t-il, pas de droits de douane imposés à l'industrie aéronautique, ce qui est une bonne nouvelle".
"L'Europe n'a pas assumé sa force"
Passées la fin des incertitudes et la préservation de certains secteurs clés, Clément Beaune ne mâche pas ses mots envers la commission européenne. "L'Europe n'a pas assumé sa force. Nous sommes la première puissance commerciale mondiale. Nous sommes plus important comme marché, comme nombre de citoyens et de consommateurs que les États-Unis", a-t-il appuyé.
Le Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan dénonce même "un acte de faiblesse" de la Commission européenne. "L'Europe a tardé dans les négociations, elle a peut-être été moins crédible que d'autres dans les représailles", a-t-il considéré.
Considèrant que "ce n'est pas la fin de l'histoire", Clément Beaune espère que l'Europe pourra sévir, notamment sur "la question des services qui va évidemment, je l'espère, faire l'objet de négociations". "Sinon on regardera les États-Unis comme un grand-frère à qui il faut céder", a-t-il alerté. "Il faut que l'Europe accélère, se bouge parce qu'on ne peut pas être les Télétubbies du commerce international", a-t-il conclu.