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IA: pour Nicolas Dufourcq (Bpifrance), "le sujet de Mistral, ce sont les revenus"

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Le dirigeant de la banque d'investissement publique est revenu, sur BFM Business, sur la valorisation et la quête de rentabilité de la pépite de l'IA européenne.

Alors que s'ouvre le "sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle", ce lundi, la question de la rentabilité de l'IA n'a jamais été aussi brûlante. Avec l'émergence de DeepSeek, et ses coûts officiels cassés, les grandes plateformes américaines sont renvoyées à leurs investissements colossaux, que même une croissance exponentielle des revenus ne permet pas de couvrir pour le moment.

En France, Mistral AI est confronté à une problématique similaire, comme l'a relevé sur le plateau de BFM Business Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d'investissement (Bpifrance). Cette quête de revenus doit être selon lui propulsée par une adoption massive du modèle français par les entreprises européennes.

"Je fais le tour de France pour dire aux entreprises d’utiliser Mistral", explique-t-il.

"Je suis satisfait de voir l’accord annoncé par Stellantis, ou par Veolia la semaine dernière. Mistral est la chance européenne, il n’y en a qu’une, d’avoir un LLM [large language model, ndlr]. Le sujet n’est pas la levée de fonds, ils peuvent lever 2 ou 3 milliards en un claquement de doigts. Le sujet, c’est le revenu, ils doivent faire 500 millions de revenus en 2025", a encore développé le dirigeant.

Partenariats et application

Mistral a ces derniers jours annoncé plusieurs offres nouvelles : d'abord, la jeune pousse a rendu publique son application, téléchargeable par le grand public, et permettant d'interagir avec son chatbot, baptisée "Le Chat". Elle a aussi enregistré le soutien de Stellantis, qui va "étudier le développement" d'un assistant embarqué, disponible pour le conducteur afin d'interagir. D'autres applications, industrielles cette fois, pourraient optimiser des processus de production.

Le constructeur mondial a ainsi rejoint le géant de l'eau et des déchets, Veolia, qui avait annoncé le 5 février une association avec Mistral. Le modèle d'IA développé par la start-up pourrait être ainsi intégré aux bases de données du groupe, et permettre des interactions avec les clients, ou un pilotage plus fin des usines.

France Travail va aussi adopter ses outils, dernier épisode d'une série de dispositifs mis en place par l'Etat pour intégrer l'intelligence artificielle dans les services publics.

Mistral construit un modèle open source: autrement dit, il co-construit des outils en laissant des ingénieurs venus de tous horizons collaborer et s'approprier ses trouvailles. Une méthode qui fait ses preuves depuis quelques temps, en opposition avec les modèles fermés (appelés "propriétaires") développés par les américains OpenAI ou Anthropic.

"L’open source va l’emporter, avec Mistral, avec Deepseek qui arrive, et Meta qui a développé des outils grâce à des ingénieurs français", égrène Nicolas Dufourcq.

"Sam Altman a évoqué le fait qu’il avait peut-être fait une bêtise en plaçant OpenAI dans une verticale qui n’est pas ouverte. L’open source va gagner du terrain, et c’est une bonne nouvelle", explique-t-il.

Valentin Grille