Gaz russe: Bruxelles prévient que payer en roubles "contrevient aux sanctions" de l'UE

Les entreprises européennes acceptant de payer le gaz russe en roubles, comme l'exige Moscou, violent les sanctions de l'UE et s'exposent à un risque juridique "élevé", a averti mercredi la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
"Environ 97% des contrats (entre des groupes de l'UE et les fournisseurs de gaz russe) prévoient des paiement en euros ou dollars (...) Les entreprises avec de tels contrats ne doivent pas céder à l'exigence de la Russie, ce serait contrevenir aux sanctions" imposées par les Vingt-Sept, a-t-elle ajouté.
Vladimir Poutine avait lancé cet ultimatum fin mars aux pays européens afin de semer la discorde au sein des pays de l'Union. Mais le décret russe paru début avril semblait laisser une option aux pays importateur de gaz.
Selon la Commission européenne citée par Bloomberg, les entreprises peuvent se contenter d'ouvrir un compte à la Gazprombank pour y déposer leurs paiements en dollars ou euros. Charge à l'organisme bancaire ensuite de faire les conversions.
La menace de Vladimir Poutine était donc plus politique qu'économique. C'est ce qu'estime dans L'Opinion Thierry Bros, professeur à Sciences Po et spécialiste de la géopolitique de l’énergie.
"Le plus embêté est Gazprom"
"Certains ont pu croire qu’exiger le paiement en roubles avait pour objectif de faire remonter son cours, mais l’effet serait exactement le même en contraignant les entreprises russes à convertir en roubles les sommes perçues, confirme Thierry Bros, professeur à Sciences Po et spécialiste de la géopolitique de l’énergie. Le plus embêté dans cette histoire est Gazprom, qui va sans doute devoir arrêter de constituer des réserves en euros et en dollars, et payer tout son personnel en roubles."
Si le cours de la monnaie russe est effectivement remonté face à l'euro et au dolalr depuis un mois retrouvant son niveau d'avant crise c'est grâce à des mesures gouvernementales comme le blocage des transferts de devises vers l'étranger ou la très forte hausse des taux directeurs de la banque centrale du pays.
Cee rebond de la monnaie russe n'est pas synonyme de bonne santé pour l'économie russe. Ainsi l'inflation a atteint 17,3% en mars selon l'agence Rosstat. Le PIB devrait surtout fortement se contracter en 2022. Selon le gouvernement la chute devrait être comprise entre 8,8 et 12,4% sur l'ensemble de l'année. Un niveau de baisse qui n'avait plus été observé dans le pays depuis 1992 (-14,5%).
