Vivendi/Lagardère: les soupçons de Margrethe Vestager

Margrethe Vestager justifie l’accord de l’Union Européenne. Au micro de BFM Business, la vice-présidente de la Commission européenne est revenue sur la fusion dans le secteur des médias entre Lagardère et Vivendi.
"Vivendi et Lagardère sont des concurrents très proches. Dans le domaine de l'édition de livres, ils sont présents sur toute la chaîne de valeur, de l'obtention des droits à la distribution en passant par l'impression. Et quand vous êtes si proches et que vous voulez fusionner... il y a un problème de concurrence", a-t-elle affirmé dans la Grande interview d’Hedwige Chevrillon.
La Commission a ainsi décidé, le 9 juin dernier, de condition ce rachat à condition que Vivendi respecte son engagement à céder ses activités dans l’édition et le magazine Gala.
Ainsi, la vice-présidente de la Commission de l’UE considère que Paris Match – pour Lagardère- et Gala – pour Vivendi, sont "très proches". "C’est une concurrence très étroite entre les deux. Il était donc important pour l'entreprise de résoudre ce problème... elle a proposé de vendre la société d'édition de livres, Editis... et le magazine Gala", détaille Margrethe Vestager. Une comparaison entre les deux titres qui fait débat.
Les soupçons de Margrethe Vestager
Pour se plier aux exigences de Bruxelles, Vivendi s'était en effet engagé à céder Gala ainsi que ses activités dans l'édition: Editis et ses entités (Robert Laffont, Nathan, Le Robert, Pocket etc).
"Désormais, il faut trouver un acheteur, pour qu'Editis et Gala aient une activité pérenne, et qu'ils soient des concurrents solides de l’entité fusionnée", une condition qui doit encore être établie, précise la troisième vice-présidente de la Commission européenne, dont le portefeuille précédent était dédié aux questions de concurrence.
Dès lors, quelle cohérence à accepter ce rachat conditionné? Au micro de BFM Business, Margrethe Vestager assure que "deux choses peuvent se produire en même temps. Dans le passé, nous avons constaté qu'un accord pouvait être approuvé, mais qu'en même temps, l'entreprise sautait le pas et commençait à prendre le contrôle avant que la transaction ne soit approuvée, ce qui pose un problème".
"Nous avons ouvert une enquête"
Les opérations passées de Vivendi seront donc scrutées de près par la Commission, qui a ouvert "une enquête en amont". L’autorisation de l’UE n’empêchera donc pas une éventuelle sanction. Elle pourra "payer une amende" si la prise de contrôle s’est faite avant l’accord.
La vice-présidente assure à Hedwige Chevrillon "qu’au cours des prochains mois nous verrons s'il y a lieu d'approfondir la question". Margrethe Vestager laisse entendre que la Commission n’est pas insensible aux accusations de main mise de Vincent Bolloré sur le secteur de l’édition.
"Cela me fait réfléchir à la nécessité d’en faire plus (…) la difficulté pour nous réside dans une situation où nous savons des choses... mais nous ne savons pas vraiment si quelque chose va se passer (…) si quelque chose se matérialise à l'avenir, nous devrons alors agir".
La vice-présidente de la Commission tacle l’homme d’affaires breton: "pour nous, il est très important qu'un magazine, une maison d'édition... soit dirigé par quelqu'un qui souhaite vraiment créer une entreprise viable, une entreprise florissante capable de concurrencer à nouveau les groupes qui ont fusionné", prévient-elle.