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Un seul pilote dans les avions? Les pilotes français très réservés

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La compagnie hongkongaise Cathay Pacific testerait un Airbus A350 avec un seul pilote et envisagerait de le lancer en 2025.

Cathay Pacific travaille avec Airbus pour introduire des vols long-courriers "à équipage réduit" avec un seul pilote dans le cockpit la plupart du temps, ont déclaré à Reuters des sources du secteur.

Le programme, connu au sein d'Airbus sous le nom de Project Connect, vise à certifier son avion A350 pour des opérations monopilote lors de vols de croisière à haute altitude, à partir de 2025 sur les vols de passagers Cathay, ont indiqué les sources.

Cette évolution de rupture conduirait évidemment à des économies pour les compagnies aériennes, dans un contexte d'incertitude quant à l'économie post-pandémique des vols intercontinentaux. Mais il est susceptible de rencontrer la résistance des pilotes déjà touchés par des licenciements massifs.

En France, le très écouté SNPL (Syndicat national des pilotes) affiche d'ailleurs de grandes réserves quant à cette possibilité.

"Pas réaliste et dangereux"

"Si à certains moments et sur certaines lignes, le vol se déroule sans difficulté imprévue, la charge de travail peut effectivement être temporairement réduite, il n’en demeure pas moins que l’idée récurrente consistant à vouloir réduire les coûts en réduisant le nombre de pilotes n’est pas réaliste et est surtout dangereuse", assène le syndicat.

"Les technologies ont certes fait d’énormes progrès et c’est en partie grâce à ces derniers que la sécurité des vols s’améliore d’année en année, mais le haut niveau de sécurité atteint par l’industrie du transport aérien repose avant tout sur un pilier fondamental: la synergie et la surveillance mutuelle entre deux membres d’équipage. Ce haut niveau de sécurité est en effet indissociable de la présence en permanence au cockpit de deux pilotes entraînés et reposés, en état de vigilance et en capacité de reprendre les commandes à tout moment" poursuit-il.

Pour les pilotes, ces annonces ont avant-tout un objectif commercial pour les avionneurs. "L’ambition des projets des constructeurs en matière d’opération avec un seul pilote n’est en aucun cas portée par le souci de la sécurité mais plutôt pour vendre des avions plus chers du fait de leur "sophistication". Ces projets présentent une sous-estimation des risques, dont certains sont non traités, ou d’autres sont minorés voire occultés, ce qui constitue au final un grave danger. La sécurité du transport aérien n’est pas qu’une question de statistiques. Il faut également prendre en compte les scénarios imprévus où les deux pilotes doivent travailler de concert pour résoudre un problème qui n’aura pas été prévu par les ingénieurs. Et les cas sont nombreux".

Air Caraïbes partant

Cathay Pacific Airways a confirmé son implication mais a déclaré qu'aucune décision n'avait été prise sur un éventuel déploiement.

"Alors que nous nous engageons avec Airbus dans le développement du concept d'opérations en équipage réduit, nous ne nous sommes en aucun cas engagés à être le client de lancement", a déclaré la compagnie de Hong Kong.

Par contre du côté du français Air Caraïbes, on indique: "on sait bien qu’on n’arrête pas ce genre d’évolution. Il y a quelqu’un qui le fera dans le monde et il faudra bien suivre, donc autant être devant", a expliqué à La Tribune, son président Marc Rochet.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business