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Travaux, clim, vitesse des trains: comment la SNCF se prépare à une éventuelle canicule

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Observation, travaux préparatoires, climatisation et stocks stratégiques de bouteilles d'eau, l'opérateur se dit en ordre de bataille pour affronter une éventuelle canicule.

Les températures sont encore supportables mais la SNCF le sait: les épisodes caniculaires vont se multiplier, ce qui faisait peser un risque non négligeable sur le réseau et donc le trafic. L'opérateur commence néanmoins à être rodé et déploie une stratégie d'anticipation et d'action pour faire face à d'éventuels incidents.

Observations et travaux préparatoires

"Le réseau ferré est exposé par nature aux phénomènes climatiques, raison pour laquelle nous effectuons une surveillance permanente en période de fortes chaleurs", explique à l'AFP Maxime Chatard, directeur territorial SNCF Réseau en Bourgogne-Franche-Comté.

Grâce à un nouveau logiciel compilant différentes données météorologiques, la SNCF arrive à modéliser à peu près précisément les variations de températures sur les voies pour les 13 jours à venir.

A partir de 45°C, "on va visiter certaines lignes pour vérifier que tout se passe bien", décrit Nicolas Pere, ingénieur maintenance.

Pendant l'été, les agents chargés de la maintenance des voies et des caténaires multiplient les tournées de surveillance à pied, explique-t-on à la SNCF. Ils interviennent essentiellement au moment de la journée où les températures sont les plus élevées.

Il faut savoir qu'une température de l'air de 37°C peut faire monter celle des rails à 55°C environ et même atteindre 70°C en plein cagnard. Le risque: la déformation des rails à cause de la dilatation.

Des chèvres pour le débroussaillage

Les caténaires sont également étroitement surveillées. Ces câbles d'alimentation ont également la fâcheuse manie de se détendre sous l'effet de la chaleur. Ils risquent de toucher le toit du train, provoquant un arc électrique, et le pantographe (l'archet servant à capter le courant situé sur la motrice) peut arracher la caténaire si une rame passe trop vite.

Des contrepoids de 700 kg sont donc installés sur chaque caténaire pour maintenir les câbles tendus en toutes circonstances. Ils sont régulièrement contrôlés lorsque la chaleur s'intensifie.

"En plus, nous menons des améliorations et une modernisation des installations pour permettre son fonctionnement à une température de 50°C", affirme à l'AFP Bertrand Maller, technicien d'appui caténaire.

Par ailleurs, dès le printemps, débutent sur le réseau et autour du réseau des travaux préparatoires pour l'été. Il peut s'agir notamment de débroussaillages autour des voies afin de réduire le risque d'incendie.

Avec les grèves suite à la réforme des retraites, ces travaux ont pris du retard. Mais la SNCF fait aussi travailler… des animaux. Dans la Drôme, 800 chèvres et brebis sont ainsi chargées pour la deuxième année consécutive de nettoyer 20 kilomètres de voies désaffectées.

Ralentir les trains: une mesure rare

Déformation des voies, fragilité des caténaires, incendies: autant d'éléments qui peuvent pousser la SNCF à réduire la vitesse des trains sur certains tronçons. Sur les trajets concernés, cela peut provoquer des retards de quelques dizaines de minutes.

Les mesures de limitation de vitesse sont "très rares", assure Georges Bervin, directeur adjoint de l'infrapole de Dijon à l'AFP. L'été dernier, alors que la France a été frappée de trois périodes de canicule, elles n'ont quasi jamais été mises en place.

"Le réseau est capable d'encaisser des chaleurs au-delà de 60°C. Simplement, ça nous coûte en surveillance", complète-t-il.

Éviter à tout prix les pannes de climatisation

Des pannes de climatisation dans plusieurs TGV ont créé la polémique lors des dernières canicules. Cette année, la SNCF promet qu'elle a anticipé au maximum ce sujet.

La SNCF assure ainsi avoir déjà agi avec "l'anticipation des remplacements préventifs d’organes liés à la climatisation, de façon à éviter de le faire durant l’été".

Le risque zéro n'existant pas, la SNCF met en place une cellule d’assistance téléphonique pour les chefs de bords (contrôleurs) et communique sur les bonnes pratiques pour conserver la température dans les voitures (baisser les rideaux des salles voyageurs, fermeture des portes et fenêtres cabine…).

Filtres UV et couleur blanche pour faire baisser la température à bord

L'opérateur annonce également tester cet été la pose de films anti-UV sur les fenêtres d'une vingtaine de rames TGV (sur environ 400), ce qui aura pour effet de faire baisser la température à bord.

Du côté des vieux Corail, une expérimentation est lancée pour peindre le toit des voitures en blanc. "Un bilan permettra de déterminer le gain en termes de baisse de la température et de lancer le déploiement sur un plus grand nombre de trains", explique le transporteur.

Des centaines de milliers de bouteilles d'eau en stock

En cas de panne de clim voire d'immobilisation d'un train, la SNCF peut puiser dans des stocks stratégiques (régulièrement réapprovisionnés), répartis dans des gares sur tout le territoire: 500.000 bouteilles d'eau de 50 centilitres, 100.000 coffrets repas, 65.000 coffrets encas… Des packs d'eau sont également chargés à bord des trains.

En cas d'arrêt en cours de trajet, un dispositif appelé "Distrib'Bar" prévoit la distribution de boissons non alcoolisées au bar, au bout d'une heure de retard si la climatisation est en panne et après deux heures si elle fonctionne correctement.

Olivier Chicheportiche avec AFP