Transports, bagages, contrôles: comment Aéroports de Paris se prépare pour les Jeux olympiques

16 millions de visiteurs et plus de 10.000 athlètes internationaux sont attendus à Paris pour les Jeux olympiques d'été qui auront lieu du 26 juillet au 11 août.
Autant dire que le challenge est immense pour Aéroports de Paris (ADP) qui va devoir gérer des flux sans précédent et sensibles puisque la plupart des athlètes en compétition et leurs délégations arriveront par avion, certains avec des équipements encombrants comme les perchistes.
A l'heure actuelle, la confiance règne, notamment après le test réussi de la Coupe du monde de rugby, même si tout n'est pas du ressort du gestionnaire. Notamment la question cruciale des transports qui dépend de la SNCF et de la RATP.
RER B: l'angoisse et la prière
Le prolongement de la ligne 14 vers Orly avance et ADP se dit "rassuré" par l'avancée des travaux alors que la station est désormais construite. C'est d'ailleurs le groupe qui, dans le cadre d’un transfert temporaire de maîtrise d’ouvrage, a eu en charge sa réalisation.
"On est impliqué, on sera au rendez-vous", explique-t-on. Reste qu'Orly ne sera à l'origine que d'un tiers du trafic arrivant.
Les angoisses viennent encore et toujours de la ligne B du RER qui relie Roissy-Charles de Gaulle à la capitale et qui est en proie à des dysfonctionnements chroniques.
"Rien n'est prévu à court terme, on prie", souffle-t-on en haut lieu chez ADP qui espère que de nouvelles rames arriveront pour renforcer la fréquence des trains.
Du côté des responsabilités propres d'ADP, on trouve en premier lieu la question des contrôles à l'arrivée.
On le sait, les temps d'attente sont aléatoires et les pannes, notamment du système de passages automatiques Parafe (Passage automatisé rapide aux frontières extérieures), ont encore été nombreux cette année comme en novembre (5 heures de paralysie) ou encore en juin et en mars. Une nouvelle panne pour les JO serait catastrophique.
Pour se blinder, le gestionnaire annonce le déploiement d'une nouvelle signalétique et de nouveaux sas Parafe pour fluidifier les flux, des sas ouverts à plus de nationalités désormais (plus de 60). Une mise à jour logicielle est en cours de développement pour éviter les blocages du système en fonction des nationalités.
Plus de policiers, plus de sas Parafe
Si ADP publie régulièrement des données démontrant que le temps d'attente aux frontières est en baisse, un grain de sable dans la machine pourrait tout faire capoter.
La question du manque d'effectifs de la Police aux frontières (PAF) provoque également et régulièrement des engorgements à l'arrivée. ADP tente de régler la question depuis des mois maintenant et met en avant de nombreux progrès, notamment "le soutien gigantesque" (mais récent) du ministère de l'Intérieur qui a fait gonfler les effectifs de la PAF sur place.
Fin 2022, on évaluait à 300 fonctionnaires de police le manque dans les deux aéroports parisiens. 150 nouveaux agents ont été déployés à cette époque et la PAF disait tabler sur le recrutement de 255 agents contractuels de contrôle supplémentaires avant fin 2024.
Le directeur de la PAF Fabrice Gardon a insisté sur l'enjeu d'assurer un passage fluide tout en garantissant la sécurité: "c'est toute l'image du pays qui est en jeu".
Dans le même temps, ADP assure avoir le bon niveau d'agents de sécurité dans les aéroports grâce à d'importants recrutements réalisés cette année (dynamisés par une hausse de 20% des salaires).
Autre question sensible: les bagages. Après la catastrophe de l'été 2022 avec 20.000 bagages perdus et une nouvelle panne à Orly en août dernier, ADP estime d'abord "qu'à l'arrivée, il faudra gérer les erreurs de l'aéroport de départ". Pour les athlètes, la question pourra vite devenir cauchemardesque.
Un athlète a 3 à 4 fois plus de bagages qu'un voyageur classique
"L'enjeu, c'est les bagages hors format", souligne-t-on, comme les perches. Le groupe a installé des tapis de livraison spécifiques et "une nouvelle zone de livraison avec un accès spécial".
Il faudra également gérer le retour des athlètes et de leurs bagages qui viendront alimenter un flux déjà important avec les vacanciers franciliens sur le départ. "Un athlète à trois à quatre fois plus de bagages qu'un voyageur classique, on risque l'embolie", explique-t-on.
La solution? Une zone d'enregistrement "déportée sur les sites des JO avec des containers qui rejoindront directement l'aéroport. Si 80% des athlètes choisissent cette option, on sera bons", explique ADP. Mais il faudra convaincre les délégations d'accepter cette proposition.
Par ailleurs, toujours pour les athlètes, un terminal d'embarquement dédié sera proposé dans une zone déjà existante à CDG pour créer "un flux à part" de celui des vacanciers. Aucune chance donc de croiser un athlète célèbre si vous prenez l'avion en même temps que lui mais il s'agit surtout d'éviter des embouteillages monstres.
Nouvelle application
Enfin, une nouvelle application pour smartphone va être proposée à l'occasion des JO. Pour les sportifs et leurs délégations mais aussi pour tous les utilisateurs des aéroports parisiens. Elle fournira beaucoup d'informations pour rassurer le voyageur: retards éventuels des avions, temps d'attente aux contrôles, aide à la décision pour les transports publics, les taxis. Objectif, "que le passager soit maître de son temps", explique-t-on.
Évidemment, toutes ces mesures, tous ces dispositifs ne peuvent assurer un risque zéro, mais ADP se dit confiant. "Le but, c'est de réussir comme Londres et ses aéroports l'ont fait en 2012 et éviter la catastrophe d'Atlanta de 1996", croise les doigts le groupe.
Et surtout, cet événement doit servir d'accélérateur pour la suite sur tous les sujets comme la sécurité, les bagages, l'hospitalité... Si évidemment tout se passe bien.