Toulouse-Barcelone en avion: pourquoi une liaison aérienne va ouvrir pour 340 kilomètres

Toulouse-Barcelone en avion, un scandale écologique? La compagnie low-cost Vueling va lancer une liaison aérienne entre Toulouse et Barcelone à partir du 1er juillet prochain. Mais cette nouvelle ligne interroge du côté des défenseurs de l'environnement, car les deux villes ne sont distantes que de 340 kilomètres.
Charlène Fleury, coordinatrice du réseau "Rester sur Terre", a dénoncé un "bond en arrière" ce jeudi sur BFMTV. "L'avion est le mode de transport le plus polluant", a-t-elle rappelé, "et le moins nécessaire surtout sur des petites lignes comme celles-ci". Selon elle, "il faudrait au contraire rétablir la ligne ferroviaire qui a été abandonnée en 2020".
Lancée en 2013 à travers un partenariat entre la SNCF et la Renfe, la liaison directe avait été arrêtée pendant la crise sanitaire et n'a pas été réactivée. Désormais, le trajet le plus rapide prend environ 3 heures 30 à 4 heures, avec une correspondance à Narbonne. Et ce malgré l'utilisation de deux TGV successifs (Renfe ou SNCF).
"S'il n'y a plus de liaison ferroviaire directe depuis 2020 entre Toulouse et Barcelone, c'est pour des raisons économiques", a expliqué Arnaud Aymé, expert des transports au sein du cabinet Sia Partners sur BFMTV. Concurrencée par la voiture et les autocars, la liaison représentait "seulement 10-11%" des parts de marché.
Un siège de train occupé sur trois en 2020
"Si la SNCF a arrêté ça c'est qu'il y avait un siège [occupé] sur trois à bord de ce train donc ça perdait de l'argent", a développé l'expert. "Or sur ce type de service là, c'est la SNCF qui supporte tous les coûts et qui doit gagner de l'argent avec les recettes. Donc si des élus disent qu'il faut une liaison ferroviaire, qu'ils payent", a-t-il suggéré.
Selon Arnaud Aymé, "le problème du train est qu'il est économiquement viable quand il y a suffisamment de trafic". "Pour faire rouler un train il faut une infrastructure ferroviaire qu'il faut construire et qu'il faut maintenir. Pour faire voler un avion, il y a besoin de ciel et le ciel pas besoin de le construire et il est gratuit", a-t-il résumé.
Charlène Fleury estime néanmoins qu'on "ne peut pas se contenter de voir l'intérêt économique". La coordinatrice du réseau "Rester sur Terre" "conteste" le fait que la liaison aérienne "soit possible" et appelle "au contraire à promouvoir le train" et "le rendre concurrentiel par rapport à l'avion" par des mesures incitatives.
Interdire les liaisons aériennes améliorerait-il pour autant la situation? "En 2020, quand il y avait la liaison ferroviaire directe et qu'il n'y avait pas beaucoup d'avions entre les deux, ça n'améliorait pas le taux de remplissage", répond Arnaud Aymé. Pour cela, "il faudrait interdire aussi la voiture, le covoiturage et l'autocar".
S'agissant de la liaison aérienne, il n'est pour l'instant "pas sûr que ça marche" selon Arnaud Aymé. "On verra si elle a du succès, ça ne sera pas forcément le cas", a-t-il déclaré, qualifiant de "ballon d'essai" la liaison de Vueling. Les prix de la compagnie low-cost sont compris entre 22,90 et 79,90 euros l'aller.