Seulement 23% des Français qui voyagent en avion ont l'intention de moins le prendre

Si le secteur aérien s'efforce de réduire son empreinte carbone à travers différents leviers comme le renouvellement des flottes et l'utilisation de carburants dits "verts", pour certains experts, cela ne suffira pas et la seule solution consiste à réduire drastiquement le trafic.
Certains comme le scientifique Jean-Marc Jancovici recommandent même de ne prendre l'avion que quatre fois dans sa vie.
"Il faut qu'on travaille à la maîtrise de l'offre, notamment avec un prix minimum sur les billets", confirmait d'ailleurs il y a quelques semaines Frédérik Jobert du Secrétariat général à la planification écologique.
Mais dans les faits, si beaucoup de citoyens plaident également pour cette approche, le nombre de passagers aériens sur la planète devrait cette année battre des records. Le renoncement à l'avion ne se voit pas dans les chiffres, à l'échelle de la planète ou de la France d'ailleurs.
29% des Français prenant l'avion l'ont pris entre 6 et 30 fois lors de l'année écoulée
Selon la dernière enquête nationale auprès des passagers aériens menée par l'Ifop* pour la direction générale de l’Aviation civile (DGAC), 47% des Français qui prennent l'avion n'ont pas l'intention de réduire leurs déplacements avec ce mode de transport dans les années à venir. 30% ne se prononcent pas et seulement 23% se disent prêts à la faire.
Pour les partisans de la déconsommation aérienne, le chemin à parcourir sera long puisqu'il y a encore 49% des passagers Français qui ont pris l'avion entre une et cinq fois dans les 12 derniers mois. 29% l'ont même pris entre 6 et 30 fois dans la même période.
Et globalement, quand on demande aux utilisateurs de l'avion s'ils ont renoncé à un voyage pour réduire leur bilan carbone, ils répondent "non" à 83%.
Ces chiffres sont d'autant plus impressionnants que les passagers aériens sont de plus en plus jeunes, une population plus sensibilisée aux questions écologiques. Selon l'étude, 45% des passagers interrogés en 2023 ont moins de 35 ans (18% entre 15 et 24 ans) contre 40% en 2016.
Des passagers de plus en plus jeunes
L'enquête est également intéressante car le voyage aérien pour motif professionnel est en forte baisse, 19% des passagers ont pris l'avion pour ce motif en 2023 contre 25% en 2016 (au profit du train notamment). À l'inverse, la part du loisir devient aujourd'hui le premier motif du voyage en avion (51%), suivi de l'affinitaire (famille et amis) à 25%.
Évidemment, l'explosion de l'offre low cost n'est pas étrangère à ce phénomène avec des offres à prix cassés sur le court et moyen courrier. D'ailleurs, la part des passagers appartenant aux catégories sociales les plus aisées baisse (43% contre 50% en 2016), au profit des catégories inférieures (32% contre 24%).
Autant d'éléments qui font que l'usage de l'avion par les Français s'inscrit dans une courbe de croissance. À fin avril, le trafic international est ainsi à 100,6% de son niveau de 2019. Bref, entre l'intention et la réalité, il y a un certain fossé.
*L’enquête nationale auprès des passagers aériens 2023 a été réalisée par l'Ifop auprès de 46.000 passagers aériens dans les salles d’embarquement de 10 aéroports de la métropole, en trois vagues.