Sécurité ferroviaire : comment éviter les accidents voyageurs ?

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La jeune fille poussée par une adolescente sur les rails du RER D à la gare de Yerres éveille des interrogations. Existe-t-il des mesures efficaces pour éviter ces incidents ? Les moyens sont-ils suffisants ? Pas vraiment, apparemment. Les procédures sont dépendantes de facteurs exogènes. "Si le personnel de conduite parvient à repérer suffisamment à l’avance le voyageur sur les rails, il peut faire un arrêt d’urgence", raconte le conducteur Philippe Herbecq à BFMTV.com. Mais l’arrêt est tributaire de l’inertie, il est difficile de déterminer à l’avance où le train va pouvoir s’immobiliser.
"Quand quelqu’un descend sur la voie deux secondes avant l’arrivée du train, c’est une catastrophe, on ne peut rien faire", poursuit le conducteur. Le problème est humain. "La SCNF consacre énormément d’argent pour prévenir des dangers : les agents déployés à la Gare du nord, par exemple. Cela n’empêche pas les dérives du comportement, ni les tendances suicidaires", souligne Philippe Herbecq. Il faudrait suivre l'exemple des portes de certaines stations de métro.
Le personnel de sécurité est en charge de la prévention : gestion de l'affluence, observation des comportements des usagers. Il a un effet dissuasif. "S’ils avaient été présents, peut-être que la jeune fille n’aurait pas été poussée sur la voie", pointe Nathalie Wetzel, secrétaire générale à l’Unsa Cheminots.
Les dérives du comportement invoquées
Depuis plusieurs décennies, il n'y a plus d'accompagnateur dans les RER. "Le conducteur se retrouve seul à faire face au incidents quotidiens", déplore-t-elle. Or, la gestion de la sécurité ne fait pas partie de leurs tâches.
Les trains peuvent communiquer. Si le danger est détecté par un conducteur d'une autre voie, il le signale par une alerte lumineuse. Les autres étant sommés de s'immobiliser. Sans oublier l’alerte radio, autre procédure réglementaire. La radio dont sont équipés les trains signale des dangers. Ces systèmes ne permettent pas d'éviter tout incident. Loin de là. Et tout système a ses dérives.
"On pourrait imaginer un bouton pour couper l’alimentation électrique en cas de dangers, mais il y aurait toujours des gens pour s’en servir contre la SNCF et plus aucun train ne circulerait correctement", pointe-t-il, prenant l’exemple des fermetures des portes. Malgré le signalement, les usagers continuent de les bloquer avec des canettes. Les conducteurs ne sont pas chargés de la sécurité. La seule solution : "un policier par usager", conclut Pilippe Herbecq avec une pointe d’humour.