Retards, annulations... Des compagnies dénoncent les "insuffisance" du contrôle aérien en Europe

Les principales compagnies aériennes européennes ont dénoncé ce lundi 22 juillet les "insuffisances" actuelles du contrôle aérien sur le Vieux continent, qui occasionnent d'importants retards, voire des annulations de vol.
"Depuis le début de l'été, les compagnies européennes ont été forcées de retarder ou d'annuler des milliers de vols, ce qui a eu des conséquences pour des centaines de milliers de passagers", a affirmé le groupe de transporteurs Airlines for Europe (A4E) dans un communiqué.
Alors que 2023 avait déjà été "l'une des pires années en 20 ans pour la performance du contrôle aérien" en Europe, la semaine du 8 au 14 juillet a vu une "hausse des retards de 68% sur un an" pour les compagnies membres d'A4E, selon la même source. "Les capacités et le manque de personnel du contrôle aérien ont provoqué 53% de ces retards", a poursuivi A4E, en appellant le commissaire européen aux Transports, Wopke Hoekstra, à "prendre des mesures urgentes pour répondre à (cette) crise".
"Ciel unique européen"
Ces difficultés interviennent alors que "le trafic n'est pas encore revenu aux niveaux de 2019", avant la crise sanitaire du Covid-19, a souligné A4E, qui fédère entre autres Ryanair, Lufthansa, IAG (British Airways et Iberia), Air France-KLM et easyJet. Le nombre de vols quotidiens dans l'espace aérien européen cet été s'avère toutefois très proche des niveaux d'avant la pandémie, selon le dernier bilan de l'organisme de surveillance du trafic Eurocontrol: 34.403, soit 5% de plus qu'en 2023 et 97% des volumes de 2019.
Le contrôle aérien européen avait connu une année noire en 2018 en raison d'une pénurie de contrôleurs, notamment en Allemagne et en France. La fermeture des espaces aériens russe et bélarusse aux appareils européens depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou, en février 2022, fait subir une pression supplémentaire sur le système, notamment pour absorber les vols vers l'Asie ou le Moyen-Orient.
Le changement climatique, synonyme d'événements météorologiques violents de plus en plus nombreux, ajoute aussi à la complexité des opérations: selon la principale organisation mondiale de compagnies aériennes, l'Iata, 30% des retards de vols en Europe étaient dus au mauvais temps en 2023, contre 11% en 2012. A4E milite de longue date pour une réforme en profondeur du contrôle aérien, le "ciel unique européen". Mais bien que lancé il y a 20 ans, ce projet de remise à plat, qui permettrait aux vols d'être moins tributaires des frontières nationales, se heurte à l'hostilité de certains Etats.