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Quand Air France-KLM et Qantas permettent à Airbus de damer le pion à Boeing

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L'avionneur européen finit l’année en fanfare avec une commande historique d’Air France-KLM et une belle revanche pour la France du côté de l’Australie.

Air France-Klm a surpris en annonçant jeudi dernier sa décision d’acheter uniquement des Airbus. Une commande ferme de 100 A320 et A321, assortie d’une option sur 60 exemplaires supplémentaires. Ces avions remplaceront les Boeing 737 utilisée par KLM et Transavia, tant aux Pays-Bas qu’en France. Avec à la clé un gain de 15% sur les émissions de CO2.

Passer de Boeing à Airbus, constitue une vraie révolution pour les compagnies concernées. Il va falloir former les pilotes mais aussi les hôtesses et stewards et les équipes de maintenance. C’est aussi un choix politique. Sans l’aide financière de l’Etat durant la crise sanitaire, Air France aurait dû mettre la clé sous la porte.

De plus, le contribuable pourrait à nouveau être appelé à la rescousse. La pandémie de Covid continue en effet de peser lourdement sur le trafic aérien. Commander des avions américains tout en demandant le soutien du gouvernement français aurait été particulièrement malvenu. Et Ben Smith, le PDG du groupe, l’a bien compris.

Airbus préféré à Boeing pour compenser une "forfaiture"?

La commande historique la semaine dernière de Qantas (au total 134 A321 et A220, si on inclut les options) est-elle aussi le fruit d’un enjeu politico-diplomatique? On est en droit de se poser la question, dans la mesure où elle, intervient trois mois après ce qu’Emmanuel Macron a qualifié de "forfaiture", à savoir l’annulation du colossal contrat de sous-marins par le gouvernement australien.

Cela dit, la compagnie nationale australienne n’est pas une entreprise publique. Et le gouvernement fédéral a été vivement critiqué pour avoir accordé à Qantas des milliards de dollars d’aide publique sans prendre de participation. Difficile donc d’affirmer de façon certaine qu’il s’agit d’une compensation offerte à la France.

Une bonne nouvelle aussi pour Toulouse

En tout cas, ces deux commandes géantes arrivent à point nommé pour le secteur aéronautique européen. Grâce à Air France-KLM et Qantas, Airbus finit nettement mieux l’année que Boeing, sachant que, fin novembre, son carnet de commandes (avions restant à livrer) était déjà largement plus conséquent que celui de son rival américain: 7036 contre 5095.

L’horizon s’est donc pleinement dégagé pour Airbus. Et cela aura des conséquences dès l’année prochaine sur l’activité du groupe en France. Le site toulousain utilisé pour assembler l’A380 va connaître une nouvelle vie alors que le dernier exemplaire, commandé par Emirates, a été livré ce jeudi. Il va être réaménagé pour produire des A320 et des A321. Avec à la clé: 600 emplois, dont la moitié chez les sous-traitants d’Airbus.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco