Problèmes de peinture sur l'A350: Qatar Airways veut un procès et accuse Airbus de mentir

Le bras de fer se poursuit entre Qatar Airways et Airbus au sujet de supposés problèmes de peinture sur les A350 livrés à la compagnie aérienne.
Fin mai, lors d'une audience de procédure à Londres, Qatar Airways a été déboutée de plusieurs demandes mais le juge a ordonné un procès à l'été 2023 pour juger l'affaire dans le fonds. Il pourrait durer trois semaines.
Dans un long communiqué de presse publié ce mardi, la compagnie se dit "prête à aller jusque bout dans cette affaire pour s’assurer que ses droits sont protégés et qu’Airbus soit tenu de remédier à un défaut sans précédent et préoccupant". Quelques jours auparavant, Akbar al-Baker, PDG de la compagnie assurait pourtant vouloir "que ce différend puisse être résolu hors des tribunaux".
"Déclarations inexactes" contre "fausses déclarations"
Dans ce communiqué, Qatar Airways a des mots très durs contre son fournisseur.
"Compte tenu des informations et déclarations inexactes qui continuent d'être publiées par Airbus et dans l'intérêt de ses passagers et de l'industrie aérnonautique, pour tous les acteurs du secteur de l'aviation, la fiction du discours d'Airbus maintenant que l'état des Airbus A350 serait dû à un simple problème de « peinture cosmétique ». Dans sa décision, fondée sur les preuves fournies par Airbus, le juge Waksman a indiqué qu'il n'y a pas de résolution simple du problème et que la seule solution proposée actuellement, impliquant des réparations importantes et potentiellement répétées du fuselage de tous les appareils concernés, traite les symptômes et non la dégradation elle-même", peut-on lire.
"Nous soutenons depuis longtemps que ce problème ne se limite pas à la peinture et que les solutions proposées par Airbus ne traitent pas les problèmes fondamentaux affectant l’A350" commente un porte-parole cité dans le communiqué.
"Airbus continue d’évoquer un problème de peinture, bien que les dommages se soient produits sur le fuselage sous-jacent, et maintient que cela résulte de la construction composite du fuselage de l’Airbus A350. Qatar Airways exploite cependant de nombreux autres appareils qui intègrent des éléments composites et n'a à ce jour aucune preuve d'un tel problème" poursuit la compagnie.
Du côté d'Airbus, on reste serein: "l’affaire peut maintenant avancer rapidement pour se concentrer sur le sujet principal, à savoir les fausses déclarations de Qatar Airways sur la sécurité et la navigabilité de l’A350".
Fin mars dernier, Qatar Airways soutenait que ce problème peut entrainer un incendie des réservoirs de carburant. Cette usure précoce de la peinture de surface peut laisser apparaître une sous-couche de treillis (maillage ou mesh) conçue pour absorber la foudre.
Risque d'incendie?
A nue, cette sous-couche peut ensuite être dégradée "par le vent et les polluants qui peuvent pénétrer à travers la surface et endommager ce maillage" qui ne remplirait plus correctement son rôle, argue la compagnie.
Conclusion de Qatar Airways, la sécurité des vols est compromise contrairement à ce qu'affirme depuis le début Airbus.
La compagnie affirme avoir inspecté les 23 A350 de sa flotte cloués au sol par le régulateur et dit avoir constaté "des fissures, dont certaines graves, en particulier autour des fenêtres, une exposition de la protection contre la foudre et des dommages à la protection contre la foudre".
Rappelons que tout commence en juin dernier lorsque la compagnie annonce justement cette immobilisation exigée par le régulateur du pays.
Une indemnité de 546 millions d'euros exigée
Très vite, l'avionneur confirme cette usure mais souligne qu'il s'agit d'un problème "cosmétique". Il affirme plus tard que "les résultats liés à la peinture de surface ont été soigneusement évalués par Airbus et confirmés par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) comme n'ayant aucun impact sur la navigabilité de la flotte A350".
Airbus déplace alors en décembre dernier le contentieux sur le terrain juridique.
Quelques jours plus tard, Qatar Airways contre-attaque et annonce attaquer son fournisseur devant la justice britannique en assurant n'avoir "pas d'autre choix que de rechercher un règlement rapide de ce litige par le biais des tribunaux".
En janvier dernier, la compagnie aérienne du Golfe, dans le cadre de sa plainte déposée en Angleterre, exige une indemnité de 618 millions de dollars (546 millions d'euros) à l'avionneur européen. Quelques jours plus tard, en réaction à cette annonce, Airbus annule un contrat distinct pour la livraison de 50 A321neo.