Les agriculteurs en colère sont dans Paris, peu d'embouteillages
Quelque 1.400 tracteurs répartis en six convois ont commencé à entrer dans Paris jeudi matin pour exprimer la détresse du monde paysan et réclamer des aides face à la chute constante de leurs revenus, sans provoquer l'asphyxie redoutée en raison d'une circulation nettement moins importante qu'à l'ordinaire.
Les premiers engins, en provenance du Grand Ouest, sont arrivés vers 10 heures place de la Nation, au son de chants celtes et décorés de drapeaux bretons. Aux commandes, de nombreux jeunes agriculteurs, venant de régions très touchées par les crises laitière et porcine, rendues particulièrement aigües cette année par la fin des quotas laitiers et l'embargo russe sur la viande européenne.
A 8 heures, la FNSEA dénombrait 1.733 tracteurs en route vers la capitale. Le dernier décompte de la préfecture de police en recensait 1.365, ainsi que 91 bus et une cinquantaine de véhicules légers.
Drapeaux de la FNSEA au vent, clignotants et lumières sur les toits, certains ont accroché des slogans aux lames à l'avant des tracteurs pour interpeller les citadins: "Paysans en détresse", "La mort est dans le pré", "France n'abandonne pas tes paysans" ou encore "Nos charges nous tuent".
Les engins et des autocars remplis d'agriculteurs continuaient de franchir les principaux péages d'accès à la capitale, alignés sur une file pour limiter la gêne, selon le mot d'ordre de leurs syndicats.
Peu de bouchons
Les automobilistes semblaient avoir anticipé les embouteillages en prenant les transports en commun et les cortèges provoquaient des perturbations limitées sur les routes d'Ile-de-France, "de nombreux automobilistes ayant pris leurs dispositions", a annoncé le Centre national d'information routière (CNIR). A 9h30, un cumul de 71 kilomètres de bouchons était constaté en région parisienne, contre plus de 200 habituellement à cette heure, un chiffre "faible pour cette heure-ci", selon la Direction des routes Ile-de-France (Dirif).
"Il n'y a pas beaucoup de bouchons dus aux manifestations d'agriculteurs. C'est limité", a rapporté un porte-parole du CNIR. A la même heure, un bouchon de 8 à 10 kilomètres était relevé sur l'autoroute A10 et un autre de 3 à 4 km sur l'A4 en raison des manifestations. Le CNIR relève "beaucoup moins de voitures sur les routes" que d'ordinaire: "Les usagers étaient prévenus et ont pris leurs dispositions".
Le Centre national d'information routière (CNIR) a comptabilisé six convois de tracteurs se dirigeant vers Paris et relevé un cumul de 60 km de bouchons à 8h20 en région parisienne, moins que d'habitude à cette heure. Le CNIR a relevé à 7 heures "beaucoup moins de voitures sur les routes" que d'ordinaire en région parisienne.
Pour éviter les bouchons, la préfecture de police de Paris a invité les Franciliens à utiliser les transports en commun jeudi pour se rendre dans la capitale.
"Les prix ne suivent pas"
Les agriculteurs organisent cette manifestation d'ampleur pour exprimer leur désespoir face à l'effondrement des cours et demander des réformes de fond. Le Premier ministre Manuel Valls "semble avoir pris la mesure de la très grande difficulté de l'agriculture" et Stéphane Le Foll "a survendu le plan d'aide" au secteur agricole, a fustigé Christiane Lambert sur notre antenne. "Il faut rallonger le plan d'urgence" et "définir un projet stratégique" pour l'agriculture", a demandé la vice-présidente de la FNSEA.
Les tracteurs resteront stationnés place de la Nation toute la journée. Une délégation se rendra à l'Assemblée nationale, escortée d'une dizaine de tracteurs. Puis les principaux dirigeants syndicaux seront reçus par le Premier ministre, Manuel Valls.
Dans un entretien au Figaro, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, indique qu'il "espère pouvoir faire des annonces vers 15 heures devant les troupes à la Nation".