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Le patron de la SNCF dit avoir besoin de l'Etat pour relancer son pôle fret

Devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a dit avoir "besoin de l'Etat, pour faire en sorte que la nouvelle société" de fret "ait des conditions économiques qui puissent lui donner de vraies perspectives".

Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou a indiqué ce lundi qu'il aurait "besoin de l'Etat" pour que son pôle fret puisse rebondir après la cession forcée à des concurrents d'une partie importante de son activité pour contenter Bruxelles.

"J'ai besoin de l'Etat, pour faire en sorte que la nouvelle société (...) ait des conditions économiques qui puissent lui donner de vraies perspectives, à la fois de vivre et de se développer", a estimé Jean-Pierre Farandou.

S'exprimant à l'Assemblée nationale, devant la commission d'enquête sur la libéralisation du fret ferroviaire, le dirigeant a évoqué des aides à l'exploitation du fret et à la rénovation du réseau - "la mère des batailles", selon lui -, "de manière assez solide, massive et rapide".

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19:04

"Scénario de discontinuité"

La Commission européenne s'intéresse au soutien dont a bénéficié Fret SNCF (la principale société de fret ferroviaire du groupe SNCF) sur la période 2007-2019, et en particulier à l'annulation de sa dette de 5,3 milliards d'euros. Celle-ci a été intégrée à la dette de la holding du groupe SNCF lorsque ce dernier a été refondé, début 2020, en application de la dernière réforme ferroviaire.

Bruxelles pourrait déclarer ces aides illégales car non conformes aux règles de l'UE en matière d'aides d'Etat, ce qui provoquerait automatiquement la faillite de Fret SNCF, incapable de les rembourser. Pour éviter un tel scénario, le gouvernement a proposé à Bruxelles un "scénario de discontinuité" consistant à liquider Fret SNCF. La société doit être remplacée par une nouvelle filiale du groupe public, qui abandonnera à des concurrents les "trains dédiés" - des trains de marchandises réguliers - qui représentent actuellement 30% du trafic et 20% du chiffre d'affaires de Fret SNCF, et occupent 10% de ses cheminots.

"Je soutiens ce choix: prendre le risque d'aller au tribunal et de perdre est un risque fatal", alors que la Commission a visiblement "un fond juridique solide", a déclaré Jean-Pierre Farandou ce lundi. "Je souhaite qu'il y ait un pôle fret dans notre groupe, qui puisse se développer", a-t-il néanmoins ajouté. Le président de Rail Logistics Europe (le pôle de fret ferroviaire de la SNCF) Frédéric Delorme a estimé plus tôt lundi devant la commission d'enquête, que la nouvelle société devrait avoir retrouvé le niveau d'activité de Fret SNCF "à partir de 2026/27".

P.L. avec AFP