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"Difficile dans le cadre financier actuel": Monaco veut un métro pour la relier à Nice, le ministre des Transports français ne veut pas payer

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L'an passé, le micro-état a lancé un appel à candidatures pour construire et exploiter "une liaison expresse souterraine" entre Eze (en France) et son centre-ville. Un projet à 1,2 milliard d'euros.

Si Monaco veut un métro qui le relierait directement à Nice, ça sera certainement sans l'aide de la France. Dans un entretien à Nice-Matin, Philippe Tabarot, le ministre des Transports, qui est également sénateur dans les Alpes-Maritimes, a douché les ambitions de la principauté.

"J’en ai discuté avec le gouvernement monégasque. J’ai indiqué que cela me semblait difficile dans le cadre financier actuel, mis aussi au regard des procédures à mettre en place pour mener à bien un projet d’infrastructure aussi important dans un contexte qui nous a valu la décision du tribunal administratif de Toulouse sur le chantier de l’A69", explique-t-il.

Un métro reliant Monaco à Nice (distantes d'une vingtaine de kilomètres) est un vieux serpent de mer qui a ressurgi lorsque Christian Estrosi, le président-maire de la métropole de Nice, a relancé cette idée en 2022. Le gouvernement de Monaco lui a emboîté le pas en 2024 en lançant un appel à candidatures à 1,2 milliard d'euros pour construire et exploiter "une liaison expresse souterraine" entre Eze (en France) et son centre-ville, soit un métro express.

L'appel prévoit également la construction d’un parking de 3.500 places au lieu-dit "La Brasca" sur les communes d’Eze et de La Turbie. Ce parking servira de point de départ et d'arrivée à cette liaison pour les automobilistes, et sera doté d'une gare dédiée.

Le gouvernement monégasque estimait qu'il faudra compter entre "6 à 8 ans entre la signature du contrat et la mise en service du système de transport".

Un "ensemble de solutions" plutôt qu'un métro

Pour autant, ce projet nécessite de convenir d'un accord entre la France et Monaco. Ce qui visiblement ne sera pas le cas.

Sur le papier, l'idée est légitime. Si Monaco est fréquentée par les touristes, énormément de travailleurs frontaliers (qui résident entre Cannes, Nice et Menton) s'y rendent chaque jour. Or, que ce soit par la route (15.000 véhicules par jour) ou par le train via le TER, l'accès à la Principauté est très compliqué, souvent saturé, encore plus pendant les vacances scolaires.

Vu l'étroitesse du profil topographique (d'un côté la montagne et de l'autre la mer, avec entre les deux la route et la voie ferrée), décision avait été prise de passer sous le sol.

Mais pour Philippe Tabarot, la nouvelle offre ferroviaire dans la région doit permettre d'améliorer la qualité de service. "Je crois davantage à un ensemble de solutions qu’à un grand projet qui réglerait tous les problèmes de mobilité entre Nice et Monaco", a expliqué le ministre.

Et de fait, depuis décembre dernier, des trains relient Cannes à Menton via Nice et Monaco toutes les 15 minutes. "L’augmentation de l’offre de près de 30%, les travaux liés à la ligne nouvelle et ceux réalisés en gare de Monaco vont permettre d’améliorer le service", estime le ministre. Reste à savoir si cela sera suffisant pour absorber un trafic en hausse constante.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business