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Augmentation de la taxe sur les billets d'avion: à quoi s'attendre?

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Son principe a été acté lors de la Commission mixte paritaire, mais avec des niveaux moins élevés que le projet initial du Budget 2025.

Malgré l'intense lobbying des entreprises du secteur aérien, le principe d'augmentation de la "taxe de solidarité" ou TSBA sur les billets d'avion décidée par le gouvernement Barnier pour participer à la réduction du déficit public a été reprise par le gouvernement Bayrou.

Lors des négociations sur le projet de loi de finances 2025 de la Commission mixte paritaire, son maintien a été acté (article 9bis du texte) même si les ambitions de départ ont été revues à la baisse. Ce texte est mis au vote ce lundi 3 février à l'Assemblée nationale et François Bayrou a d'ores et déjà annoncé qu'il aura recours au 49.3 sur ce Budget.

7,40 euros par billet pour les voyages en France et en Europe

Le texte fixe donc à 7,40 euros par billet la taxe pour les destinations européennes (contre 2,63 euros actuellement), soit une position intermédiaire entre la proposition du gouvernement (qui avait annoncé 9,50 euros au départ) et celle du Sénat.

Elle est de 15 euros par billet pour les destinations intermédiaires et de 40 euros pour les destinations lointaines. Le tout en classe économique.

La taxe sur les billets utilisés en aviation d'affaires bondissent et passent à 210 ou 420 euros pour les destinations européennes (en fonction de l'avion utilisé, turbopropulseur ou turboréacteur), 675/1.015 euros pour les destinations intermédiaires et 1.025/2.100 euros pour les destinations lointaines.

Entre 800 et 850 millions d'euros de recettes

Globalement, le dispositif rapporterait environ 800 à 850 millions d'euros à l'État, contre un milliard prévus au départ et 460 millions actuellement.

"C’est une mesure de justice fiscale et écologique. Les 20% de la population ayant le revenu le plus élevé sont responsables de plus de la moitié des dépenses consacrées aux voyages en avion", justifie Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics.

La Fnam (Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers) et les exploitants d'aéroports français ou encore la plupart des compagnies aériennes ont dit leur hostilité à une telle augmentation de la fiscalité, mettant en garde contre une perte de compétitivité de la France par rapport à d'autres destinations et les effets induits sur l'emploi.

"C'est irresponsable", a lancé Ben Smith, patron d'Air France. "Une nouvelle taxe a déjà été introduite l'année dernière. La France deviendrait le pays où le transport aérien est le plus taxé en Europe".

"Depuis 20 ans, nous perdons 1 à 2% de parts de marché par an au profit de compagnies étrangères. Le risque, c'est de déplacer la valeur que notre trafic génère dans d'autres pays", a-t-il dit, évoquant une "taxe d'accès à la France".

Ryanair a de son côté menacé de réduire la voilure de 50% en France si la taxe était finalement adoptée. Quant à Easyjet, c'est la possibilité de voyager des classes moyennes qui serait fortement entamée, estime la compagnie low cost.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business