A Brest, ces 3 millions d'euros d'argent public pour une compagnie aérienne font grincer des dents

A l'heure de la décarbonation de l'aérien et du report modal vers le train, l'annonce passe mal. Des collectivités locales bretonnes ont en effet promis d’avancer de l'argent public à Celeste, une compagnie aérienne régionale basée à Morlaix qui souhaite proposer une liaison entre Brest et Paris.
Lancée en 2021 par Bruno Besnehard (ancien patron de Vueling France), cette compagnie vient d’obtenir son certificat de transporteur aérien (CTA) et des créneaux pour desservir Paris-Orly au départ de Brest.
Trois millions d'euros d'avances remboursables ont donc été récoltés, dont 500.000 euros issus de Brest métropole, 1,5 million de la part de la communauté d’agglomération de Morlaix (Finistère) et 1 million provenant de la région Bretagne, à condition que des fonds privés participent à hauteur de 50% au plan de financement de la compagnie (ce qui n'est pas encore acté).
Un besoin de 7,6 millions d'euros pour pouvoir décoller
Car Celeste a besoin de 7,6 millions d’euros pour boucler son plan de financement et obtenir une licence d’exploitation, sésame obligatoire pour faire voler ses avions.
Reste que ces subventions, et l'existence même de cette nouvelle ligne, irritent au plus haut point l'opposition et les écologistes.
"Ce soutien financier va à contresens de tous nos engagements climatiques" s'étrangle Glen Dissaux, vice-président (EELV) de Brest métropole, lundi sur Facebook. "Nous devons améliorer les déplacements des habitants au quotidien et pas investir au profit des quelques-uns qui font Brest-Paris en avion. L’aérien ne devrait pas bénéficier d’un euro de deniers publics".
Air France et Chalair assurent déjà cette liaison
D'autant plus que Celeste n'est pas la seule compagnie à assurer cette liaison: Chalair propose pas moins de 22 vols par semaine tandis qu'Air France dessert depuis Brest l’aéroport de Paris-Roissy à raison de 28 vols par semaine.
Mais pour Bruno Besnehard, le tissu économique de la région a besoin que cette liaison soit renforcée. Il met ainsi en avant le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Bretagne Ouest (CCIMBO), et d’une soixantaine d’entreprises bretonnes.
"L’avion a tout son sens pour relier les régions éloignées" dit-il, estimant "légitime" que les collectivités locales financent le transport aérien "qui a un impact direct sur les territoires".
On rappellera que la liaison échappe à la mesure française de suppression des vols intérieurs lorsqu'un trajet en train de moins de deux heures et demie est possible. Depuis Paris, il faut en effet entre 3h30 et 4h pour relier la ville bretonne en TGV.