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"Tout le monde nie dans un premier temps": malgré les dénégations d'Eurofins, Muddy Waters persiste

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Eurofins contre Muddy Waters. Le laboratoire d'analyses est la nouvelle cible du fonds activiste américain. Il est accusé de "malversations comptables". Un rapport "à charge" fermement démenti par la direction du groupe ce matin.

Inexactitudes, contradictions, déficience. Muddy Waters s'est fendu hier d'un véritable rapport au vitriol sur Eurofins. Et d'ailleurs, il n'en changera pas un mot. Contacté par BFM Business aujourd'hui, son fondateur Carson Block souligne même: "tout le monde nie dans un premier temps ces accusations, y compris Jean-Charles Naouri." Une pique en mode piqure de rappel. Dès 2015, c'est lui qui s'était inquiété en premier de la dette de Casino.

Muddy Waters maintient ses accusations

Le fonds activiste accuse le laboratoire de surestimer ses résultats et la valeur de certains actifs. Il s'étonne également que la société, dans un secteur pourtant plutôt mature, ait consommé des milliards de dollars ces dernières années pour financer sa croissance.

Les audits interne et externe semblent présenter d'après Muddy Waters, de sérieuses lacunes. Il soupçonne enfin le principal actionnaire, la famille Martin, avec 33% du capital et 66% des droits de vote, de siphonner une partie des bénéfices. À la suite de ces accusations, les investisseurs ont vendu massivement lundi. Le titre a perdu près de 16% sur la séance. Rien que le nom Muddy Waters suffit à semer le doute.

Des "allégations inexactes et trompeuses" répond le laboratoire

Eurofins contre-attaque. Il dit vouloir fournir en temps voulu des réfutations plus détaillées, mais d'ores et déjà, le groupe liste tout un tas d'inexactitudes dans le rapport de Muddy Waters. À commencer par l'intégrité des comptes de l'entreprise, entièrement contrôlés et certifiés par des audits financiers.

Si le revenu par employé est certes plus élevé que chez les concurrents, explique Eurofins, c'est en raison d'une main d'œuvre hautement qualifiée.

"Tout est profondément calomnieux" conclue le patron d'Eurofins, Gilles Martin dans un communiqué, et n'a pour seul but, d'après lui, que de tirer profit de la baisse du titre.

Le laboratoire n'a pas abordé en revanche la question des transactions immobilières douteuses. Un des arguments les plus sérieux de ce rapport de 35 pages selon les analystes d'Oddo. Ils mettent en avant le vrai risque pour l'entreprise, une atteinte à sa réputation. Ça commence à faire beaucoup pour Eurofins et c'est d'autant plus dommageable que le groupe a intégré le CAC40 en septembre 2021, à l'issue d'un formidable parcours boursier, aidé en cela par la crise sanitaire.

Hélène Cornet