Retraites: les entreprises sont prêtes à appliquer la réforme

L'heure est désormais à l'application pour la réforme des retraites. En dehors des quelques mesures retoquées par le Conseil constitutionnel comme l'index sur le CDI senior, le texte va entrer en vigueur. Selon une étude du cabinet spécialisé Alixio, les directions des ressources humaines sont prêtes.
Il n'y a plus qu'à presser le bouton pour mettre les entreprises en mode opérationnel sur les nouvelles dispositions, assure l'expert Retraites du groupe Alixio, Franck Renaudin.
"Je les sens prêtes sur la connaissance des urgences à traiter entre maintenant et juin", affirme-t-il sur BFM Business. S'il "manque effectivement les derniers petits points de rouage dans leur communication", "certaines ont déjà commencé à entamer une phase d'audit au travers des dates de naissance de leurs collaborateurs", rapporte le responsable Retraites du groupe Alixio.
"On ne constate pas d’angoisse particulière de la part des entreprises, ni de remontées particulières", confirme Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH. "Les entreprises sont encore dans l’expectative et attendent les décrets d’application", affirme-t-il.
"En réalité, ce qui bloque aujourd’hui et qui fait perdre beaucoup de temps, c’est la mise en place des départs en retraite, il y a des documents compliqués à obtenir et cela génère des retards dans le versement des pensions", explique Benoît Serre.
Une approche plus individuelle
Ce sont les services RH qui devront fixer avec les salariés les nouvelles dates de départ à la retraite. Il va falloir faire preuve de pédagogie avec les premières générations concernées.
Selon Franck Renaudin, "la problématique va être de les accompagner dans l'identification de la nouvelle date et de caler au mieux leur date de sortie pour que les différents projets, tant au sein des entreprises que pour les futurs retraités, soient actés dans les temps".
Les entreprises doivent anticiper six mois avant le départ des retraités pour enclencher le versement des pensions. Elles devront aussi gérer une nouvelle méthodologie très différente.
"L'étude des dossiers retraites qui sera plus individuelle qu'aujourd'hui", affirme Franck Renaudin. "Le fait que la réforme va s'appliquer pour des générations avec des nombres de trimestres différents et des nombres de mois encore plus différents en fonction des carrières, on va avoir des entreprises qui vont devoir s'adapter plus au cas par cas", explique l'expert.
Deux salariés au même poste
Autre problématique: lorsque deux salariés occupent le même poste. "Pour ceux pour qui le départ est programmé, dans la plupart des cas, son successeur a été trouvé", explique Benoît Serre. "Mais avec un report de son départ, ce n’est pas la plus facile des situations à gérer, notamment dans les PME", affirme-t-il.
Le vice-président de l’ANDRH "conseille aux entreprises de respecter les engagements pris pour le recruté et dans le même temps analyser les recrutements en cours et voir si c’est pertinent de les décaler dans le temps".
"Il serait pertinent de voir dans quelle mesure, le recruté peut alléger le travail du partant et arriver à une sorte d’équilibre, appliquer le mentorat, aménager le temps de travail du partant sans faire perdre l’intérêt du poste pour celui qui arrive", suggère-t-il.
La première génération concernée sera celle née à partir du 1er septembre 1961. Sauf exception, elle ne pourra pas partir à la retraite avant 62 ans et 3 mois.