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Patrick Puy (Vivarte): "On pensait garder La Halle, Minelli et Caroll, mais sont arrivées les crises des gilets jaunes et du Covid"

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Le groupe Vivarte vient de céder ses dernières marques et annonce sa liquidation. Des syndicats dénoncent des montages financiers qui ont mis à mal la santé du groupe français.

Clap de fin pour Vivarte. Le groupe, autrefois fleuron du textile français, sera liquidé d'ici la fin de l'année. Celui qui s'appelait Groupe André jusqu'à 2001, a annoncé la cession des deux dernières marques encore dans son giron, Caroll et Minelli, respectivement aux groupes français Beaumanoir et San Marina.

Dans les années 2000, le groupe a souffert de rachats successifs par des fonds, dont certains au prix d'un important endettement. Les organisations représentatives du personnel s'étaient alors mobilisés contre ces LBO, "leverage buy-out" ou rachat avec effet de levier, sans pouvoir les empêcher.

"Déjà à l'époque, on disait qu'on irait vers un démantèlement du groupe", regrette Jean-Louis Alfred, ancien représentant CFDT et désormais "licencié économique". Les syndicats alerteront en effet à de multiples reprises, "dans l'indifférence totale des politiques", accuse-t-il.

La crise a été fatale

En 2016, Patrick Puy, spécialiste du retournement d'entreprises, est nommé président du groupe.

"Ma mission, ce n'était pas de vendre, mais de restructurer car il se trouve que le problème majeur de Vivarte à cette époque, c'était la dette, qui était à 1,4 milliard d'euros quand je suis arrivé", se défend sur notre antenne Patrick Puy.

Certaines enseignes sont alors vendues à l'image d'André, de Naf Naf et de Kookaï. "On pensait garder La Halle, Minelli et Caroll, mais là-dessus, est arrivée la crise des gilets jaunes et celle du Covid et alors, Vivarte est passé du mauvais côté de la barrière", détaille Patrick Puy, invité mercredi de Good Morning Business.

Le groupe est accusé de ne pas avoir mesuré les conséquences de la fast-fashion avec, par exemple, le succès de Primark et ses prix mini. La mode a évolué. "Le nombre de chaussures utilisées en France n'a pas baissé, mais la façon de les porter a changé. La basket a remplacé la chaussure en cuir. C'est un changement que nous n'avons pas bien géré", analyse Patrick Puy.

Selon lui, pour survivre, les marques cédées devront "se réinventer", car "le monde du retail et de la distribution textile est compliqué".

"Tout ça fait mal au coeur", regrette Jean-Louis Alfred, qui lance un appel aux responsables politiques: "la dernière chose qu'on puisse faire pour Vivarte, pour tous ces salariés qui se sont sentis des sous-citoyens, ce serait de légiférer contre ce genre de montage, et contre ce genre de fonds, qui n'arrivent que pour démanteler un groupe".
https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil avec AFP Journaliste BFM Tech