Nucléaire : EDF va annoncer la reprise des turbines Arabelle à General Electric

Six ans dans le giron américain, et les turbines Arabelle sont de retour en France. EDF doit entériner en conseil d'administration ce lundi le rachat des activités nucléaires de General Electric, acquises par le géant américain en 2014. Dans la foulée, Emmanuel Macron devrait se déplacer à Belfort jeudi pour une visite placée sous le signe de l'atome.
Les turbines sont valorisées entre 1,1 milliard et 1,2 milliard d'euros, mais la majeure partie de ce montant est constituée d'avances sur contrats réglés par les clients. Résultat : selon une information des Echos, EDF ne devrait débourser que quelques 273 millions d'euros, dont 73 millions en dettes.
Réunir les activités nucléaires autour d'EDF
Après son annonce en novembre d'une relance de la construction de réacteurs nucléaires, Emmanuel Macron a infléchi le choix d'EDF, au départ réticent à une reprise de ces turbines, dont la fabrication a lieu en territoire de Belfort.
Le président de la République avait poussé dès 2016 pour que l'énergéticien français reprenne la main sur des actifs industriels dans le secteur nucléaire, pour remonter sa chaine de valeur : il avait insisté pour qu'il reprenne Framatome, responsable de la fabrication de la plupart des équipements des centrales nucléaires.
Avec ce nouveau rachat, l'Elysée tire aussi un trait sur une controverse, en 2014, quand la France avait acté la vente de la filière énergie d'Alstom à General Electric. Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg s'y était opposé, obtenant des options de rachat qu'il ne fera jamais jouer. Et Emmanuel Macron militait, lui, pour cette vente, paradoxalement, en tant que conseiller de François Hollande ; il l'avait finalement autorisée de sa main depuis Bercy, en 2015.
Le financement du parc nucléaire en attente
Après avoir regroupé la filière autour d'EDF, à l'image du Rosatom russe, l'exécutif est attendu sur le financement du futur parc nucléaire : il est chiffré à près de 50 milliards d'euros.
Bercy planche ainsi sur plusieurs scénarios, dont la mise en place d'un tarif de rachat garanti, pour attirer des prêts et permettre un financement plus souple pour les pouvoirs publics. C'est la stratégie choisie par le Royaume-Uni, notamment, pour financer les réacteurs d'Hinkley Point.
Plus largement, la France réclame une réforme du marché européen de l'électricité. Paris souhaite que Bruxelles fasse une exception pour le nucléaire français en acceptant des prix décorrélés de ceux du marché pour en garantir le financement.