Loyers commerciaux: "tout le monde est au fond du trou" et "même les bailleurs"

La sortie de Bruno Le Maire est visiblement mal passée. La semaine dernière, le ministre de l'Economie a vertement critiqué "les grandes foncières" qui ne "jouaient pas le jeu", alors que les commerces peinent à payer leur loyer.
"On n'a rien compris quand Bruno Le Maire a fait cette sortie" explique ce lundi Jacques Ehrmann, président du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), sur le plateau de Good Morning Business.
"On ne savait pas de quoi il parlait. On ne savait pas s'il parlait du premier confinement où on a vraiment fait le job: on a abandonné plus de 200 millions d'euros de loyer, reporté plus de 200 millions d'euros de loyer aussi, traité des dizaines de milliers de dossiers négociés…"
"On est très fier du bilan et si le ministre parlait de cela, c'était évidemment une ineptie" lance-t-il. "En réalité, on a compris qu'il parlait du deuxième confinement."
Partager les responsabilités
Le ministre estimait "inacceptable" que les foncières ne se saisissent pas du dispositif de crédit d'impôt lancé par le gouvernement, qui permet au bailleur de récupérer l'équivalant de 30% du loyer mensuel non réclamé aux commerçants sur la période allant d'octobre à décembre. Pour pouvoir en bénéficier, il faut que le propriétaire renonce à au moins un mois de loyer. "Son dispositif de crédit d'impôt c'est le 30 octobre et donc il est beaucoup trop tôt" souligne Jacques Ehrmann. "Il y a des foncières et des bailleurs qui travaillent là-dessus, d'autres qui ne sont pas trop tentés."
Pas tentés car beaucoup de professionnels commencent à tirer la langue. "On a travaillé au premier confinement sans un euro d'argent public. Là, ce gisement est épuisé et on a besoin d'argent public pour faire la jointure" poursuit le patron du CNCC. D'autant que le crédit d'impôt ne s'applique que pour les commerces de moins de 250 salariés et donc "pas aux grands commerces, aux grandes chaînes."
"Fermer à Noël est catastrophique. Tout le monde est au fond du trou que ce soit les petits, les moyens, les gros (commerces) et même les bailleurs" insiste Jacques Ehrmann.
"Il faut donc un dispositif qui concerne tout le monde où chacun fait sa part" poursuit-il. Le locataire paye un tiers de la normale, le propriétaire absorbe un tiers en réduisant le loyer d'autant et l'Etat fait l'appoint avec un troisième tiers." Ce qui irait donc plus loin que le crédit d'impôt actuel.